L'invasion de grande ampleur de l'Ukraine par la Russie le 24 février aura des répercussions politiques et économiques majeures sur le reste de la planète qui se feront sentir au cours des mois et des années à venir. La présente note est axée sur les conséquences économiques de la guerre pour les 54 pays africains et leur population d'un milliard d'habitants. Une attention particulière est accordée au Maroc, pays à revenu moyen de la tranche inférieure qui importe plus de 90 % de son énergie et la moitié de ses besoins en céréales et qui figure parmi les nations africaines les plus exposées à la crise. A travers un Policy bref rédigé par les chercheurs Abdelaaziz Ait Ali Fahd Azaroual Oumayma Bourhriba Uri Dadush, le Policy center a essayé de formuler les principales observations de la crise. Selon les chercheurs, la guerre entre la Russie et l'Ukraine est un événement majeur, peut-être l'incident international le plus dangereux depuis la crise des missiles de Cuba. En plus, son impact est difficile à prévoir, d'autant plus qu'elle intervient à un moment où l'économie mondiale est encore aux prises avec la pandémie et en proie à des pressions inflationnistes, qui risquent de s'intensifier, surtout si le conflit se prolonge. Concernant les perspectives, les chercheurs estiment que économiques de l'Afrique n'étaient pas favorables bien avant la crise. Les implications de la guerre pour les pays du continent sont toutefois mitigées : si les exportateurs d'énergie réaliseront des gains importants, les importateurs d'énergie et de denrées alimentaires, comme le Maroc, en subiront les conséquences, accentuant ainsi leurs de la dette publique. Effets sur l'Afrique et le Maroc Sur les 54 pays que compte l'Afrique, les chercheurs rappellent que 11 sont de grands exportateurs d'énergie et les autres sont des importateurs nets d'énergie, ou en quasi-autosuffisance. Pour illustrer les effets de la guerre sur l'Afrique, nous nous concentrerons sur six grandes économies. Trois sont des exportateurs d'énergie : l'Algérie, l'Angola et le Nigeria. Deux sont proches de l'autosuffisance énergétique : l'Egypte et l'Afrique du Sud. Le Maroc, pour sa part, est fortement tributaire des importations d'énergie et de denrées alimentaires. Ces six économies représentent ensemble plus de 60 % du PIB africain, note le PCNS. Impacts et effets de la guerre La guerre en Ukraine a véritablement causé des effets sur les importateurs d'énergie africains, qui ont également tendance à être des importateurs de produits alimentaires. D'ailleurs ces aspects sont fortement négatifs, souligne le Policy center. Le Maroc est la plus grande économie africaine la plus susceptible de subir un choc négatif important du fait de la guerre, car ses importations de pétrole, de gaz et de charbon représentaient 6,4 % du PIB en 2019, soit environ le double de celles de l'Egypte et de l'Afrique du Sud, qui réalisent également d'importantes exportations d'énergie. Le Maroc est également un gros importateur de céréales. Le coût des céréales importées en tant que part du PIB s'élevait à 1,4 % en 2019, mais en raison d'une mauvaise récolte attendue en 2022, les importations pourraient être deux fois plus importantes, soit trois fois plus importantes que celles de 2021. Cela signifie que l'effet combiné de la hausse des cours du pétrole et des céréales, s'il se maintient, pourrait coûter au Maroc entre 1 et 2 % du revenu national cette année. Au-delà de l'impact sur la balance extérieure du Maroc, la flambée des cours du pétrole et des denrées alimentaires aggravera le déficit budgétaire déjà élevé, estimé à 6,5 % du PIB cette année, dans la mesure où le gaz butane est subventionné. La hausse des prix intensifiera également les pressions inflationnistes, comme dans le cas de l'essence et des autres carburants dont les prix sont libéralisés. Avec les syndicats qui font pression sur les autorités pour qu'elles ajustent les salaires afin de compenser la hausse des prix, l'inflation semble destinée à être encore plus élevée. La suite de l'analyse sur le lien ici.