L'absence de pointures dans cette édition très particulière pourrait faire le jeu de long-métrages produits par les plateformes de vidéo à la demande comme Netflix, Amazon Prime, et Apple, que beaucoup comptent parmi les favoris. Les Golden Globes font partie des prix les plus convoités du cinéma américain: ils sont un indicateur majeur des films et acteurs ayant de bonnes chances d'obtenir un Oscar. Mais le Covid-19 a brouillé cette fois les pronostics, provoquant le report de nombreux événements, y compris les Oscars qui se tiendront cette année fin avril. En lice cette année pour le compte des producteurs de contenu en streaming, "Les Sept de Chicago" de Netflix, regard très actuel du réalisateur Aaron Sorkin sur les violences policières et le procès qui ont suivi les manifestations contre la guerre du Vietnam à Chicago en 1968, devrait trouver sa place dans les nominations aux Golden Globes. "Mank" de David Fincher, qui explore l'âge d'or d'Hollywood et la création du film "Citizen Kane" par Orson Welles, devrait lui aussi défendre les couleurs de Netflix. Chez Amazon Prime, on mise sur "One Night in Miami", adaptation d'une pièce de théâtre qui met en scène la rencontre fictive entre Mohamed Ali, Malcolm X et d'autres personnalités afro-américaines luttant pour la reconnaissance de leurs droits, ainsi que sur "Sound of Metal", histoire d'un batteur de rock en train de devenir sourd. Pour contrer ces probables favoris, les studios traditionnels alignent "Nomadland", qui a raflé les récompenses aux festivals de Venise et Toronto et à qui certains experts prédisent déjà le Golden Globe du "meilleur film". Cette production Searchlight, filiale de Disney, met en vedette Frances McDormand et une communauté de vieux idéalistes nomades sillonnant l'Amérique dans des fourgonnettes hors d'âge. "La plupart des candidats semblent être des films plutôt intimistes, ou en tout cas qui sont adaptés à un visionnage à domicile", estime Chris Beachum, expert du site Gold Derby, spécialisé dans les prix cinématographiques. "D'ailleurs, beaucoup des films à grand spectacle - comme un James Bond ou un film Marvel - ont été décalés. Ils ne sont même pas dans la course cette année", relève-t-il. Décernés par les quelque 90 membres de l'Association de la presse étrangère d'Hollywood, les Golden Globes opèrent, contrairement à d'autres prix comme les Oscars, une distinction entre les "films dramatiques" et les "comédies". Dans cette dernière catégorie, on devrait trouver mercredi dans la sélection "Borat 2" ainsi que les comédies musicales "The Prom" (Netflix) et "Hamilton" (Disney+). Les films étrangers sont eux aussi regroupés dans une catégorie à part où Minari, qui met en scène une famille américaine d'origine coréenne s'installant à la campagne, pourrait connaître le même succès que "Parasite" l'an dernier. Du côté des acteurs, le défunt Chadwick Boseman ("Black Panther") pourrait être sélectionné à deux reprises dans l'écurie Netflix, pour son rôle dans "Le Blues de Ma Rainey" et "Da 5 Bloods", réalisé par Spike Lee. Autres poids lourds probables de cette 78e édition, Anthony Hopkins, 83 ans, pour son rôle dans "The Father", adaptation de la pièce du Français Florian Zeller, qui signe aussi la réalisation du film, et Gary Oldman pour "Mank". "Et vous avez aussi un favori du jury des Golden Globes, Tom Hanks" pour "News of the World", note Chris Beachum, pour qui c'est "une catégorie vraiment en vue" cette année. Viola Davis, qui donne la réplique à Boseman dans "Le Blues de Ma Rainey", devrait être retenue dans la sélection pour la "meilleure actrice dans un film dramatique", aux côtés de Carey Mulligan pour "Promising Young Woman", thriller féministe sur fond de #MeToo, et Frances McDormand. Sacha Baron Cohen ("Borat 2" et "Les Sept de Chicago") ainsi que Leslie Odom Jr ("One Night in Miami" et "Hamilton") pourraient être sélectionnés dans deux catégories.