Afin de neutraliser le Nicolas Maduro, un rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) dénonce un « nombre extrêmement élevé » d'exécutions extrajudiciaires présumées par les forces de sécurité, en particulier les forces spéciales (FAES), dans le cadre d'opérations de sécurité. Selon les services de la Haut-Commissaire, 1.569 personnes ont été tuées entre le 1er janvier et le 19 mai de cette année, selon les chiffres du gouvernement vénézuélien. Mais, d'autres sources estiment que « le bilan pourrait être beaucoup plus lourd », relève le rapport. En 2018, Caracas avait déjà enregistré 5.287 assassinats, prétendument pour « résistance à l'autorité », au cours de ces opérations, poursuit la même source. Le Haut-Commissariat note que cette situation n'est pas étrangère à une « stratégie » mise en œuvre au cours des dix dernières années et surtout depuis 2016. Une politique « visant à neutraliser, réprimer et incriminer les opposants politiques et les personnes critiquant le gouvernement ». « Une série de lois, de politiques et de pratiques ont restreint l'espace démocratique, démantelé les contre-pouvoirs institutionnels et donné libre cours à des schémas de violations graves », indique le HCDH. Ce nouveau rapport couvre la période allant de janvier 2018 à mai 2019, et repose sur 558 entretiens menés avec des victimes et des témoins de violations des droits humains au Venezuela et dans huit autres pays. Le document note également qu'au 31 mai 2019, 793 personnes, dont 58 femmes, étaient privées arbitrairement de leur liberté. Dans ce lot, près de 22 députés de l'Assemblée nationale, dont son président, – Juan Guaido, le chef de file de l'opposition, qui s'est autoproclamé président par intérim le 23 janvier dernier – ont été privés de leur immunité parlementaire. Les services de Michelle Bachelet décrivent « un processus de militarisation des institutions de l'Etat au cours de la décennie qui s'écoule. Et les forces civiles et militaires seraient responsables de plusieurs de ces détentions arbitraires, de mauvais traitements et d'actes de torture sur des personnes critiquant le gouvernement et leurs proches ». « Des groupes civils armés progouvernementaux, appelés colectivos, ont contribué à la détérioration de la situation en exerçant un contrôle social et en aidant à réprimer les manifestations », a fait valoir le Haut-Commissariat. Le HCDH a ainsi recensé 66 morts lors de manifestations entre janvier et mai 2019, dont 52 attribuables aux forces de sécurité gouvernementales ou aux milices pro-gouvernementales « colectivos ».