« Lorsqu'on parle de sortir de l'informel, de payer l'impôt, de stopper la corruption, c'est une culture, qui repose sur la dimension civique d'un citoyen », martèle la présidente de la Fédération des industries culturelles et créatives de la CGEM Neïla Tazi. La culture n'est pas qu'un simple divertissement, mais une manière d'être, une volonté de faire, d'où le plaidoyer de la fondatrice du festival Gnaoua Musiques du monde aux Assises nationales de la fiscalité. Avec un résultat positif et encourageant à la clé. Habituellement, quand on parle impôt, fiscalité, consentement, civisme et citoyenneté, on oublie cet élément essentiel de la marche d'une société qui est la culture. La culture, c'est certes le divertissement, mais aussi l'identité, l'histoire, la vivacité et l'économie d'un pays. Au Maroc, on n'en est pas vraiment convaincu, le département de la culture n'atteignant même pas 1% du budget général de l'Etat, la plus grande partie étant bien évidemment le fonctionnement. Après plusieurs années d'activité culturelle, voire d'activisme, Neïla Tazi avait été la cheville ouvrière de la création de la Fédération des industries culturelles et créatives, dont elle devait devenir la 1ère présidente. Elle a continué son lobbying depuis qu'ont commencé les discussions et concertations pour préparer les Assises nationales de la fiscalité. Mme Tazi a une approche globale de la culture et des industries créatives qu'elle définit comme « tout ce qui est diffusé auprès de l'opinion publique », médias compris, audiovisuel aussi, créativité culturelle surtout, et qui façonne cette opinion publique. Il faut donc, selon elle, une convergence des politiques publiques dans ce secteur de la culture, qui est politiquement transverse, du fait qu'il concerne l'éducation, le tourisme, les Affaires étrangères… Il est donc important que la culture ne soit plus le parent pauvre ou le Gavroche de la politique gouvernementale… il est crucial pour la tenue de ce pays que les acteurs culturels sentent et ressentent un intérêt des pouvoirs publics, et il est primordial qu'ils le sachent. Résultat : au chapitre des incitations fiscales à prévoir, figurant dans les recommandations issues des Assises, il y a désormais ceci : « Instituer des mesures de soutien pour le développement de l'industrie de la culture et du monde associatif ». Cela ne veut pas dire grand-chose mais c'est un bon début, et même un succès à porter au crédit de la nouvelle Fédération de la culture au sein de la CGEM. Il reste, pour cette même CGEM, pour le gouvernement, pour les sponsors et tous les gens de bien de ce pays, d'œuvrer sérieusement à faire de la culture quelque chose qui ne soit pas marginal et faire pour la culture quelque chose qui ne soit pas de l'aumône. Car c'est avec la culture que la France est connue, que l'Italie est appréciée, que l'Allemagne est visitée, que les Etats-Unis sont puissants. Le Maroc est un pays à la culture aussi diverse que millénaire. Il serait bon que nos décideurs décident d'en faire œuvre pie, car la culture, ce n'est pas seulement le bling bling des festivals croulant sous les milliards et qui s'écrouleraient sans… Avec cette recommandation des Assises en faveur de la culture, c'est un début. Il faut continuer. L'Etat a longtemps été absent, ce qui était une erreur. Mais comme disaient les Latins : « Errare humanum est ; perseverare diabolicum », le plus grave n'est pas de se tromper, mais de persister à être dans l'erreur.