« Errare humanum est, perseverare diabolicum », disaient les Latins. En diffusant mercredi 23 novembre un documentaire expliquant les techniques de maquillage de femmes battues pour faire disparaître les traces des sévices, la chaîne d'Aïn Sebaâ a commis une lourde, une très lourde faute de goût, de positionnement, de tact et même de professionnalisme. Mais la direction de 2M a été prompte a publié un communiqué d'excuses, publié ce 25 novembre… La maquilleuse de l'émission « Sabahiate alyaoum » Lilya Mouline a donc montré aux téléspectatrices battues comment choisir les couleurs pour dissimuler des traces de coups. Dans ce passage, elle a bien précisé, avant de passer aux techniques de camouflage des bleus et ecchymoses, que « ce sont des choses dont on ne devrait pas parler, mais bon cela arrive bien souvent malheureusement »…, avant de passer aux détails, sur le visage d'une femme qui affiche toutes les caractéristiques d'une femme battue (mais qui ne l'est pas, précisé Lilya Mouline) : traces sur le visage, regard éteint… Depuis mercredi donc, des commentaires de plus en plus nombreux et de plus en plus énervés fleurissent sur les réseaux, 2M en position d'accusée. La direction de la chaîne, un temps tétanisée, n'a pas réagi, mais ce vendredi, elle a fait paraître un communiqué sur sa page Facebook. « La direction de la chaîne considère que ce passage de l'émission est indélicat et constitue une erreur d'appréciation au regard de la sensibilité et de l'importance du thème de la violence faite aux femmes… Cette approche entre en totale contradiction avec le positionnement éditorial de la chaîne et aussi avec sa charte… ». Puis la chaîne s'explique et se justifie… « l'émission Sabahiyate a programmé plusieurs sujets revenant sur l'arsenal juridique pour la protection des femmes ». Puis 2M présente clairement et explicitement ses excuses : « La chaîne présente ses sincères excuses pour cette erreur d'appréciation, et s'engage à prendre toutes les mesures qui s'imposeront contre les responsables de cette erreur… ». La chaîne remercie enfin les internautes qui se sont souciés de cette affaire, et dont elle a suivi les commentaires, avant de rappeler son engagement inconditionnel pour la cause de la défense des femmes, qui est, est et restera parmi ses causes prioritaires. « Errare humanum est, perseverare diabolicum », donc… La faute a été commise, les responsables ont reconnu leur erreur, leur faute même, ils s'en sont excusés, et l'enregistrement a été retiré. On ne peut en effet accuser 2M de ne pas s'impliquer dans la lutte contre la violence faite aux femmes. Il n'est pas nécessaire de pendre en place publique des boucs émissaires, ni même de sévir sans retenue contre des personnes qui ont mal apprécié un sujet... surtout que la direction de la chaîne a, elle, mis plus de 48 heures à réagir... Tout cela arrive. La société veille, les internautes agissent, les responsables réagissent, c'est bien.