Les résultats du premier « Baromètre CIAN des leaders d'opinion en Afrique » (AFRICALEADS) sont rendus publics le 8 février à l'occasion du Forum Afrique 2019 organisé par le MOCI et le CIAN. Réalisée dans huit pays d'Afrique francophone par l'institut IMMAR, cette étude est la première à cibler spécifiquement les leaders d'opinion dans toute leur diversité. Conduite entre juin et septembre 2018 auprès d'un échantillon de 1244 leaders dans trois pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc), trois pays d'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Côte d'Ivoire, Burkina Faso) et deux pays d'Afrique centrale (Cameroun et République Démocratique du Congo), AFRICALEADS a porté sur trois thématiques majeures : la vision de l'Afrique et de son avenir ; la perception des pays étrangers non-africains en termes d'image et d'impact pour le continent ; les entreprises et les marques les plus appréciées. Les leaders d'opinion sont optimistes sur l'avenir de l'Afrique mais aussi très lucides puisqu'ils soulignent les difficultés dans les domaines de la gouvernance et de la formation. 43% estiment que l'Afrique a progressé au cours des cinq dernières années, et 56% sont optimistes pour leur avenir à cinq ans. Les plus optimistes sont les Marocains, tant pour la situation globale du continent (70%) que pour la situation dans leur propre pays (62%). Le numérique est cité par 73% des répondants comme le domaine où les progrès ont été les plus spectaculaires au cours des cinq ans écoulés, en écho à la tendance à la digitalisation des économies africaines, observable du nord au sud du continent. Les leaders d'opinion considèrent à 49% que l'éducation et la formation représentent le défi prioritaire pour l'Afrique. Leur jugement sur la performance des institutions est assez critique, puisque 45% des répondants pensent que la situation s'est dégradée dans le domaine politique, et 42% disent que le système judiciaire s'est détérioré dans leur pays. La question de la gouvernance reste une préoccupation centrale. Invités à citer les trois les pays du continent dont ils ont la meilleure image, les leaders d'opinion désignent l'Afrique du Sud (choisie par 49% des répondants), le Maroc (cité par 36% des répondants), le Ghana et le Rwanda (cités respectivement par 28 et 27% des répondants) comme les champions africains. L'Allemagne (pour 45% des répondants), la Chine (37%), les Etats-Unis et le Japon (34%) sont les pays étrangers ayant la meilleure image auprès des leaders d'opinion africains. La France arrive en cinquième position (21%). Invités à se prononcer sur l'impact bénéfique des pays étrangers en Afrique, les leaders d'opinion ont classé la Chine et le Japon premiers ex-aequo, avec 81% de citations. L'Allemagne - 70% de réponses - émarge à la deuxième place, suivie par la Turquie - 62%. La France, avec 53% de citations, est distancée à la septième place. La prédominance des nations asiatiques dans ce classement souligne une tendance de fond : l'Afrique n'est plus dans un tête-à-tête exclusif avec l'Europe et a diversifié ses partenariats. La force de son économie, la qualité de ses produits et le volontarisme de sa politique africaine expliquent certainement la bonne performance de l'Allemagne. A l'inverse, le classement de la France ne reflète pas l'intensité de ses liens politiques et économiques avec le continent. « La France souffre d'un déficit d'image auprès des leaders d'opinion africains, et les résultats de ce baromètre doivent servir de déclic, estime Etienne Giros, le président délégué du CIAN, le Conseil français des investisseurs en Afrique. La France devrait sans doute mieux valoriser son partenariat avec le continent et s'appuyer davantage sur ses diasporas africaines, un atout dont elle ne tire pas suffisamment parti. » Bénéficiant d'un ancrage historique sur le continent, les entreprises françaises conservent cependant des positions solides. Quatre des dix entreprises et marques les plus appréciées des leaders d'opinion africains sont françaises. Orange (première, citée par 41% des répondants), dans les télécoms, et Air France (première, citée par 22% des répondants), dans l'aérien, dominent nettement leurs secteurs d'activité respectifs.