Le chef du gouvernement Saadeddine Elotmani a réagi hier dimanche 9 septembre à la polémique sur l'introduction de quelques mots de darija, le dialecte marocain, dans des manuels scolaires officiels. Il a expliqué le plus officiellement du monde, à la MAP donc, la position de son gouvernement, et s'est dit être prêt à revenir en arrière si nécessaire, sachant que l'usage de la darija est constitutionnellement, légalement et réglementairement proscrit dans l'éducation nationale. Son intervention a été structurée autour de trois idées principales : 1/ Clarification. « Il est absolument exclu d'utiliser la darija dans l'enseignement, car d'abord les langues officielles du pays sont l'arabe et l'amazigh, et ensuite en raison du fait que la loi-cadre de l'enseignement stipule l'obligation d'utiliser les langues officielles, et rien d'autre ». On ne peut donc trouver, selon le chef du gouvernement, des expressions ou des paragraphes en darija… seulement des mots, et dans le cas présent, il y en a huit, pas un de plus. 2/ Fake news. M. Elotmani précise que tout ce qui circule sur les réseaux n'est pas forcément vrai, et à preuve, certaines phrases et certains mots tournant sur la Toile et indiqués comme étant introduits dans les manuels, n'existent pas. « Des manuels ont été imprimés en dehors du Maroc, et d'autres remontent à très longtemps ; il appartient donc aux gens de confirmer ce qu'ils voient et lisent avant de prendre position ». Le chef du gouvernement a rapidement expliqué que des efforts pédagogiques et financiers ont été consentis pour l'éducation, et la lecture, puis la foi donnée aux écrits et opinions sur les réseaux crée un climat malsain, dont le Maroc n'a pas vraiment besoin en ce moment. 3/ Darija or not darija ? « User ou non dans les manuels scolaires de mots en darija, des mots d'origine arabe, telle est la question qui se pose et où il y a encore des divergences. Il y a 8 mots qui sont utilisés, sur 8.000, et il y a en effet débat. Nous n'avons aucun problème à revenir en arrière si besoin est, après débat des spécialistes et autres concernés. Mais l'usage en arabe de termes non arabes est une chose habituelle et ordinaire, comme cinéma ou technologie, et cela est le cas même pour le Coran ». Saadeddine Elotmani a dit avoir pris connaissance de cette controverse alors qu'il était à l'étranger, mais sitôt revenu au pays, il a pris contact avec le ministre concerné, en l'occurrence Saaid Amzazi, et lui a demandé d'éclairer l'opinion publique. Ce que le concerné fit, par voie de communiqué, qui n'a servi à pas grand-chose. Ainsi donc, la question de la darija est prise au sérieux au niveau gouvernemental, et M. Elotmani, à sa manière didactique et très pédagogique, sereine et souriante, a apporté son explication sur un élément de la politique éducative, « qui n'est pas central mais qui est discuté ». Il a essayé de dédiaboliser l'introduction de quelques mots dans les manuels, citant des références littéraires, voire religieuses, dans un souci de dépassionner les choses.