Après la vague de cyberattaques simultanées qui a touché des dizaines de pays dans le monde, à l'aide de logiciels pirates, le monde serait effectivement exposé à d'autres actions du genre. C'est l'avertissement lancé aujourd'hui par le chef des services secrets néerlandais Rob Bertholee lors d'une conférence sur la cybersécurité qui se tient à La Haye. Les menaces de cyberattaques sont très plausibles, voire même imminentes, puisqu'elles « ne sont pas imaginaires, elles sont tout autour de nous », a ajouté le chef espion batave, qui a lancé à son auditoire composé de responsables sécuritaires du monde que « cela pourrait vous conduire à ne pas fermer l'œil de la nuit ». On peut le croire, en effet, après l'attaque du weekend, qui a touché plus d'une centaine de pays et atteint les systèmes de dizaines de milliers d'entreprises. Et de fait, la cyberattaque mondiale qui a paralysé des centaines de milliers d'entreprises et d'administrations ce week-end pose la question des responsables de cette exploitation de failles de sécurité et, plus globalement, de la sécurité informatique et numérique en général. « Cette attaque montre à nouveau combien le stockage de vulnérabilités par les gouvernements pose un tel problème », a expliqué le président de Microsoft Brad Smith. Rob Bertholee a ainsi rappelé comment les ordinateurs de la plus grande compagnie pétrolière d'Arabie saoudite avaient été victimes d'une attaque en 2012 et comment, en 2015, les compagnies d'électricité ukrainiennes avaient été à leur tour piratées, provoquant une panne de courant de plusieurs heures à travers tout le pays. Les infrastructures du monde entier sont fortement interconnectées, ce qui comporte de grands avantages mais aussi des "vulnérabilités", a-t-il expliqué. Les Etats doivent être préparés face aux menaces futures dans le domaine numérique et gouvernements et secteur privé doivent collaborer, étant donné que c'est là que « nos sociétés sont devenues les plus vulnérables », a-t-il encore précisé. Or, selon le chercheur à l'université Cornell, Stephen Wicker, de « graves erreurs éthiques » peuvent être imputées à la fois du gouvernement et des entreprises technologiques car « la NSA et la CIA connaissaient ces failles (ayant permis la cyberattaque du weekend) mais elles les ont gardées secrètes pour pouvoir les utiliser pour leur propre collecte de données à des fins de renseignement », indique S. Wicker. Cette attaque mondiale de mai 2017 pourrait être venue de Corée du Nord, selon plusieurs chercheurs informatiques, qui semblent toutefois partir du principe de « qui veut tuer son chien l'accuse de la rage »… Ces spécialistes de sécurité informatique, qui ont averti que de nouvelles attaques étaient possibles, estiment avoir découvert un lien potentiel entre la Corée du Nord et la cyberattaque mondiale non revendiquée. Selon l'Office européen des polices Europol, le nombre d'adresses IP infectées a reculé de 38% par rapport à dimanche, à 165.000 ce matin contre 226.800 dimanche.