Maintenant que les partis de la coalition gouvernementale sont connus, il restera à désigner les noms des futurs membres de ce gouvernement. Les six partis en sont aujourd'hui à définir l'architecture, et le programme, du gouvernement, avant d'en arriver aux affectations des départements pour chaque parti, puis le choix des noms qui les dirigeront. Comment chaque parti choisira ses ministres ? Et qui sont les noms pressentis pour y aller, au gouvernement ? Le PJD. A tout seigneur, tout honneur, puisque c'est cette formation qui dirigera le gouvernement, en la personne de Saadeddine El Otmani. La procédure de désignation est complexe, mais éminemment démocratique : Une commission de proposition – formée des membres du secrétariat général plus le double de ce nombre, élu par le Conseil national, soit 62 personnes – proposera au secrétariat général une liste de 30 noms après une présélection à deux étages, le nombre maximum de candidats à la ministrabilité étant de 600, et le minimum de 300). Les membres de la direction éliront donc sur ces 30 noms trois candidats pour une fonction ministérielle, et le secrétaire général (aujourd'hui le chef du gouvernement désigné) choisira parmi ces trois celui qu'il proposera au roi. Benkirane, ou El Otmani, pourront proposer de leur propre chef des candidats au gouvernement, en dehors des 30, mais sans pouvoir dépasser 25% du nombre de ministères affectés au PJD. Parmi les noms qui circulent avec insistance, Mustapha Ramid, Aziz Rabbah ; Bassima Hakkaoui et Mustapha el Khalfi pour les sortants, Jamaâ Moatassim (directeur de cabinet de Benkirane et député-maire de Salé), Abdelali Hamieddine (idéologue et chef de clan au PJD), Abdallah Bouanou (ancien président du groupe PJD à la Chambre et maire de Meknès), Slimane Elomrani (secrétaire général adjoint du PJD et député de Rabat). Le RNI. Le choix des ministres reviendra au Bureau politique. Malgré les contestations et certaines dissensions, ce sera au final au président Akhannouch de prendre la décision finale. Selon un dirigeant du parti, qui en connaît bien les rouages internes, la procédure passera par la candidature de chacun, puis par la désignation, qui sera prise collégialement au sein du Bureau politique, avec le choix final qui reviendra au président en cas de désaccord (ou pour emporter l'accord). Pour les noms, et en plus d'Aziz Akhannouch qui devrait garder son ministère de l'Agriculture (établissant un record à cette fonction, si cela se confirme), on évoque les noms d'Amina Benkhadra (patronne de l'Office national des hydrocarbures), de Nawal el Moutawakkel (membre du Comité international olympique), de Moulay Hafid Elalamy, de Mohamed Boussaïd et de Mbarka Bouaïda. Le MP et l'USFP. Les deux partis ont opté pour une procédure simple : c'est le patron du parti qui choisira. Mais ne nous y trompons pas, les deux chefs du MP et de l'USFP sont obligés de manager les susceptibilités de chaque clan au sein de leurs formations respectives, et des arbitrages devront avoir lieu. Pour l'USFP, Driss Lachgar avait dit qu'il n'irait pas au gouvernement, mais il semblerait que des âmes charitables au sein de son parti élèvent la voix pour le prier de changer d'avis. En dehors de lui, Younes Moujahid aimerait y aller, et Abdelkrim Benatiq aimerait y retourner (il a été ministre voici bien longtemps, du temps d'Abderrahmane el Youssoufi). Au MP, Mohamed Moubdiî et Hakima El Haité sont bien partis pour rempiler, et Mohand Laenser a déjà indiqué préférer rester à sa fonction actuelle de président de la région Fès-Meknès, une présidence incompatible avec celle de membre du gouvernement. Quant à l'UC, le choix ne devrait pas être trop compliqué. Pour reprendre la confidence d'un responsable de ce parti, Il n'y a pas grand monde à part Mohamed Sajid pour entrer au gouvernement, et « ce serait éventuellement pour un ministère de la Ville et de l'urbanisme. Si on a un autre poste, nous sommes ouvertes à tout le monde… ». Sans commentaire… Enfin, au PPS, parti quand même structuré, plusieurs cadres militent pour une procédure similaire à celle du grand allié, le PJD. Mais il y a peu de chance : il existe beaucoup trop d'ambitions justifiées, et en tous les cas plus que les départements que le parti obtiendra… Aussi, en dehors de Nabil Benabdallah, qui devrait sauver son fauteuil, on évoque les noms de Houssain El Ouardi qui resterait aussi, ayant fait un travail plus qu'intéressant, mais aussi Abdelouahed Souhaïl, qui avait été sorti en 2013 du gouvernement Benkirane I d'une manière peu élégante. Maintenant que le plus difficile a été fait, en l'occurrence la nature de la coalition, il reste l'autre étape, moins difficile sans être aisée, de l'architecture du gouvernement et du nombre de portefeuilles. Mais depuis hier, les bonnes volontés de tous semblent être là, et tout le monde a envie d'en finir, une fois pour toutes, de ce gouvernement.