Une semaine après avoir interdit le transfert d'entraîneurs d'un club à un autre en pleine saison, le Fédération royale marocaine de football (FRMF) s'implique également dans leurs situations comptables et leurs états financiers. La Commission de contrôle de gestion a donc lancé des missions d'audits financier, juridique et organisationnel dans les clubs de la Botola 1, et ceux de la Botola 2 arrivent aussi… La décision de la FRMF pourrait, et devrait même, inquiéter les dirigeants de clubs. Il est vrai que depuis plusieurs années, la chronique judiciaire est alimentée par ces informations sur ces joueurs de grands clubs qui ne sont pas payés à temps, ou du tout, ou qui ne reçoivent pas les primes qui leur sont promises. Et la même chose survient au niveau des entraîneurs, qui s'en vont faute de paiement. Les clubs marocains ont, parfois, les yeux plus gros que le ventre et les promesses outrepassant les capacités de leurs trésoreries. La FRMF a décidé d'y mettre bon ordre, en protégeant les clubs certes, mais aujourd'hui aussi les joueurs et entraîneurs. Ainsi, au vu des premiers résultats des études de diagnostic menées auprès des clubs, ces derniers risqueronnt de se voir interdits de recruter des joueurs s'ils ne respectent pas les dispositions de bonne gestion financière. Il en sera de même si les clubs ne montrent pas leur capacité à honorer leurs engagements financiers actuels, et jusqu'à expiration de la saison en cours. Pour ce faire, les différents clubs devront exciper des documents suivants : 1/ Une situation de trésorerie au 20 décembre 2016 ; 2/ Un état des arriérés de créances et de dettes à la même date et leur plan d'apurement ; 3/ Un budget de trésorerie, mois par mois, en recettes et en dépenses à fin juin 2017 ; 4/ Un état de règlement des salaires, primes de rendement et de signature des joueurs, du staff technique et du personnel administratif ; 5/ Une situation des litiges et contentieux avec l'estimation des risques financiers encourus. Le communiqué précise aussi que chaque « Club concerné devra pouvoir démontrer sa capacité financière à s'acquitter de tous ses arriérés de dettes, en particulier : 1/ Toute dette résultant d'une décision de la FIFA et/ou du TAS ; 2/ Toute dette résultant d'un jugement en appel par la FRMF ; 3/ Toute indemnité due à un autre club au titre d'un transfert enregistré à la FRMF et dont l'échéance est arrivée à terme ; 4/ Toute tranche de toute prime de signature due au titre de la saison en cours ou d'une saison précédente ; 5/ Toute tranche de toute prime de rendement due au titre de la saison en cours ou d'une saison précédente ; 6/ Tout engagement financier (salaire, prime de match contractuelle, avantage en nature) figurant sur un contrat sportif déposé à la Fédération Royale Marocaine de Football ». Là où les choses deviennent inquiétantes, c'est quand la FRMF fait référence aux articles 38 des statuts de la Fédération et 23 du règlement pour l'octroi de la licence seront rigoureusement appliquées. Ces articles, en termes de sanctions, vont plus loin que l'interdiction de recruter un joueur si la situation financière du club ne le permet point. En effet, l'article 38 prévoit, en cas de manque de transparence financière ou de manquement aux principes de bonne gestion, les sanctions suivantes : l'interdiction totale ou partielle de recruter de nouveaux joueurs sous contrat, le recrutement contrôlé dans le cadre d'un budget prévisionnel ou d'une masse salariale prévisionnelle limitée, la limitation du nombre de joueurs mutés ou, plus haut et plus fort, une proposition au Comité Directeur (de la FRMF) de la rétrogradation sportive, une proposition au Comité Directeur de l'interdiction d'accession sportive, ou même une proposition au Comité Directeur de l'exclusion des compétitions (les trois dernières mesures étant sans appel). Quant à l'article 23 susmentionné, il prévoit toute une batterie de sanctions, passant de l'amende à la rétrogradation en division inférieure, en passant par une éventuelle exclusion de la Coupe du Trône. Il est clair qu'au vu de ces nouvelles dispositions, les clubs prendront des mesures en interne, à commencer par un meilleur choix de leurs dirigeants, qui devront dans les prochaines années se montrer moins aventuriers, ou aventureux. Et les présidents et bureaux dirigeants y réfléchiront également à deux fois avant de procéder à un recrutement ou de signer un contrat de quelque nature que ce soit.