Samedi était l'ouverture du très attendu Conseil national du RNI, et à cette occasion, le président du parti Salaheddine Mezouar a délivré un discours aux intonations très agressives à l'égard du PJD et, en filigrane, le chef du gouvernement et du PJD Abdelilah Benkirane. Depuis les élections locales et régionales du 4 septembre, et les alliances pour la formation des bureaux de communes et de régions qui s'en étaient suivies, le torchon brûle entre RNI et PJD. Certains cadres du dernier ont même jusqu'à accuser les élus du RNI, et donc leur président, de « trahison ». Et les RNIstes ont accablé leur patron de ne pas convoquer de Conseil national pour faire l'état des lieux, du parti et de la coalition. Leur patience a été largement récompensée ce samedi… Pour le mot trahison, Mezouar a expliqué que le terme avait été utilisé une seule fois au Maroc, quand, durant le Protectorat, certaines personnes avaient opté pour l'occupant d'alors. Et le président du RNI de fustiger « certains » (en référence au PJD) qui ont parlé de trahison dans la formation des bureaux des Régions et des communes. Et pourtant, a martelé le ministre des Affaires étrangères, c'est grâce au RNI que le gouvernement de Benkirane avait été sauvé en 2013, quand Mezouar et les siens avaient accepté d'y adhérer après le départ des Istiqlaliens. Reprenant l'argumentaire du PJD, qui se décline en l'occurrence dans le terme « hégémonisme », Mezouar a accusé le parti de Benkirane de vouloir tout contrôler, de vouloir soumettre tout le monde à sa volonté, en un mot d'être hégémoniste… « Ces gens disent que si tu n'est pas avec eux, tu es contre eux », lança-t-il à une salle à l'affût du moindre petit mot, et il y en a eu… Mezouar a rappelé que d'autres pays ont été brisés et détruits en raison de ce manichéisme de certains courants politiques ou idéologiques, en référence aux islamistes et aux Frères musulmans. Suivez son regard… Pour le président du RNI, la politique est une chose mouvante, dont les partenaires ne doivent pas des décliner en « ennemis ». Ce sont des adversaires, qui peuvent tantôt être alliés, tantôt de deux camps différents… il y a des intérêts, des alliances, des retournements d'alliances, mais pas d'ennemis. Parti comme cela, Mezouar ne s'est pas empêché de tacler Benkirane en affirmant soutenir les manifestations de rue. Voulait-il parler des enseignants stagiaires ou de la grève générale programmée par les syndicats le 24 courant ? Peut-être les deux. Enfin, le chef du RNI a indiqué que pour les élections d'octobre et après, il y aura une autre majorité, indiquant clairement qu'il y aura rupture de fait avec le PJD dans les mois qui viennent. Question : « Combien de temps durera la présente coalition (et non alliance, pour reprendre la logique de Mezouar), et dans combien de temps le RNI claquera-t-il la porte du gouvernement ? ».