… Pas fort, pas méchamment, mais frappent quand même ! C'est sur demande du doyen de la faculté de médecine de Rabat que les forces de l'ordre sont entrées en milieu de matinée dans l'enceinte de la faculté de médecine de Rabat. L'intervention n'a pas été de la violence que l'on pourrait craindre, mais elle indique une augmentation d'un cran de la tension dans le bras de fer que se livrent les étudiants de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire et le gouvernement, au sujet du service sanitaire national (et obligatoire). Selon une étudiante présente sur les lieux, « les étudiants observaient un mouvement de contestation pacifique, quand les forces de l'ordre sont intervenues, avec leurs tenues antiémeutes, afin de disperser les manifestants ». L'étudiante, qui était opposée au mouvement au début, a décidé de rejoindre les contestataires « parce que l'administration a dépassé les limites ». Les étudiants non-grévistes sont-ils empêchés par les contestataires d'entrer aux cours ? « Non, absolument pas. On entrait normalement, mais on ne pouvait suivre les cours en raison du vacarme à l'extérieur. Certains enseignants ont de la sympathie pour le mouvement, mais comme nous avons avec nous des étudiants étrangers et les élèves militaires, le mouvement n'est pas très bien suivi, contrairement à Casablanca où les choses sont plus tendues ». Selon des témoignages obtenus par sur place, quelques étudiants ont été emmenés par les forces de l'ordre, mais ils ont été libérés vers 13 heures. Manifetsement, les policiers ont reçu de strictes instructions pour ne pas avoir la main lourde. Voici le témoignage de Salma, membre de la Coordination des étudiants : « Nous en sommes aujourd'hui au 52ème jour de boycott des cours. Nous observions un sit-in, normal, avec nos slogans habituels, et tout se passait comme à l'ordinaire ; nous avons chanté un moment l'hymne national, puis nous avons été surpris de voir les forces de l'ordre venir vers nous, sur le campus. Nous avons entendus des gros mots, et les coups de pied ont commencé. Quatre étudiants ont été emmenés dans des estafettes de police ; les policiers étaient suivis de photographes qui nous prenaient en photos, individuellement, on n'a jamais vu ça »… On frappait les étudiants à terre ? « Non, une fois à terre, les policiers partaient mais toujours avec des gros mots… Les jeunes étudiantes ont pris peur et sont parties se réfugier dans la cafétéria. Un policier en civil est venu et leur a dit que si on voulait revoir nos amis, on devait quitter l'enceinte de la faculté ». La jeune étudiante poursuit : « Une fois dehors, on nous a intimé l'ordre de nous en aller, et ils nous poussaient. Les parents sont arrivés, alertés, et ils étaient poussés à leur tour ». Etait-ce méchant et brutal ? « Non, mais il y avait une certaine nervosité des policiers. Certains ont utilisé leurs matraques, mais pas trop ». Le gouvernement perd patience et veut montrer son intransigeance. Est-ce la bonne manière ? On le saura dans les jours qui viennent, sachant qu'aujourd'hui, la contestation a pris un nouveau tournant avec cette intrusion policière sur le campus.