Mardi 13 octobre, les 120 nouveaux conseillers à la Chambre du même nom, cru 2015, élisaient leur président. C'était donc, hier, l'achèvement du long processus électoral entamé au début de l'été par la formation du collège des syndicats. Le Maroc connaît donc depuis hier 21 heures le nom du 4ème personnage de l'Etat, et c'est le PAM Hakim Benchammass. Mais l'élection a connu des moments savoureux… Deux candidats sur quatre se retirent avant l'ouverture de la séance Le Maroc, et le monde, avaient connaissance de quatre candidats pour le « perchoir », comme disent les Français, mais la comparaison s'arrête là. Puis, le Maroc, et le monde, apprennent plus tard que le PPS Abdellatif Ouâmmou, candidat de la majorité gouvernementale à la Chambre des représentants, minoritaire à celle des conseillers, se retire, parce que le MP (participant pourtant au gouvernement avec le PPS) ne garantit point le vote de ses élus pour lui. Ils ne sont plus que trois candidats… qui deviennent deux, après que Neila Tazi, candidate annoncée au titre du collège de la CGEM, décide à son tour de se retirer de la course, pour cause de trop de candidats et de volonté d'indépendance par rapport à tous les partis. Ambiance… Il ne reste plus donc en lice que le candidat PAM, Hakim Benchammass, et celui de l'Istiqlal, Abdessamad Qayyouh, tous deux en principe figurant dans le même bloc de l'opposition au gouvernement. La CDT décide de ne pas voter La séance ouvre à 15h30, une demi-heure après l'heure convenue. Ils sont venus, ils sont tous là, mais dès le départ, la CDT de Noubir Amaoui donne le ton, bruyamment… Alors que l'opération de vote a commencé, ses quatre élus refusent brutalement de participer à l'élection du président… pour des raisons qui les concernent et qu'ils sont, vraiment, seuls à connaître. On commence bien… L'élu le plus âgé déclare ne pas pouvoir diriger la séance Le doyen en âge est Abed Chkaïl, conseiller PAM. Il a produit un certificat médical attestant de son état de santé défaillant. Il ne pourra donc pas diriger la séance, ainsi que l'indique le règlement intérieur de la Chambre. Il faut dire que Chkaïl figure dans la liste publiée la semaine dernière par le ministère de l'Intérieur, concernant les élus soupçonnés d'avoir usé de moyens déloyaux et illégaux pour être élus. Mais officiellement, il ne dirigera pas les « débats » pour cause de santé. On n'est jamais assez prudent, une contestation pouvant tomber à tout moment… Annulation d'un vote pour cause de mauvais libellé du nom d'un candidat Pour le vote du premier tour, un bulletin est déclaré invalide car le nom du candidat n'a pas été régulièrement inscrit. En effet, un conseiller (ou une conseillère) a marqué « Oustad (Monsieur, ou Maître) Hakim ». Les partisans de Qayyouh montent au créneau, pour contester le bulletin, et ils y sont rejoints par ceux de Benchammass, qui protestent contre ceux qui contestent… Finalement, le résultat ayant donné 56 au second contre 51 au premier, tout le monde juge l'incident clos. Une élue ne sait pas très bien écrire Elle est élue MDS et ne maîtrise pas très bien l'art de l'écriture. Elle le dit et déclare ne pas être sûr de bien inscrire le nom de Hakim Benchammass, donc on sait pour qui elle veut voter. Les gens du PAM réclament une assistance pour elle, ce qui est refusé par leurs pairs de l'Istiqlal. On trouve une voie médiane… La dame s'exerce sous la conduite de quelques amis. Finalement, elle aura appris… Un vainqueur… et une question Hakim Benchammass, président sortant du groupe PAM à la Chambre, qui monte au « perchoir » suite à une victoire avec une différence d'une voix, ce que selon certaines sources au sein de l'Istiqlal, le candidat malheureux s'apprête à contester. Au premier tour, Benchammass avait obtenu 56 voix contre 51 pour Qayyouh. 9 bulletins nuls et 4 abstentions, celles de la CDT. Au second tour, Benchammass est élu par 58 voix (+2) et Qayyouh battu avec 57 voix (+6), et un bulletin nul, avec bien entendu toujours les 4 abstentions CDT. Qui étaient les 9 élus à déposer un bulletin nul au premier tour. On avait pensé au départ que c'était la CGEM qui avait tenu à rester en dehors des joutes politiciennes. Mais comme 6 des 9 voix se sont reportées sur l'Istiqlal, certaines sources au sein de la Chambre ont expliqué que c'était une manœuvre, peut-être, des élus PJD… On ne saura peut-être jamais la vérité, mais qui s'en soucie vraiment ?... Félicitations à M. Benchammass, donc…