L'association Solidarité féminine vient de signer un contrat avec la Fondation Smart pour l'accompagnement des mères célibataires. Sa présidente Acha Chenna en parle à PanoraPost. Vous venez de signer un contrat avec la fondation Smart. Cette collaboration était-elle nécessaire pour la pérennité de Solidarité féminine ? Oui. Vous savez, Solidarité féminine travaillait avec un groupe de 50 mamans célibataires dans un grand nombre de projets. Quand les bailleurs de fonds internationaux qui nous soutenaient sont partis, nous avons dû compter sur nos propres ressources, et nous étions obligés d'accueillir et d'accompagner moins de mères, ce qui était bien regrettable. Ce partenariat tombe donc à pic et arrive à un moment crucial de notre histoire. Il comble en effet un déficit et va renforcer l'association. Il va aussi permettre à des mamans de bénéficier de la formation, en plus d'être autonomes. Ce qui est important également est que l'enfant ira vivre avec sa maman et retournera par la suite chez sa famille ; il ne sera donc jamais une charge pour l'Etat. Que fait Solidarité féminine avec les mères célibataires qui n'ont pas où loger ? Ces mères louent des chambres avec l'argent qu'elles gagnent. Pour cette raison, Solidarité féminine à une très lourde charge, dans le sens où elle assume les allocations financières hebdomadaires pour qu'elles puissent payer leurs loyers. Dès le premier jour, elles sont autonomes et intégrées dans la société. Elles savent qu'elles ont des loyers à payer, et des charges. C'est très important. Tant qu'elles sont ici à Solidarité féminine, elles sont soutenues sur le plan médical, mais en partie seulement car nous voulons qu'elles puissent elles aussi contribuer. Où en est le dossier de l'inscription de l'enfant né sous X à l'Etat civil ? Oui, c'est un travail que nous continuons à effectuer. Je ne serai jamais tranquille tant qu'il y a l'article 446 et tant aussi qu'il y a l'impunité lorsque le test génétique est positif, que le père doit reconnaître l'enfant et que le juge n'accepte pas, au nom de la jurisprudence. Cet article doit être supprimé car nous ne sommes plus ni au Moyen-âge. Lorsqu'on lit le coran, il y a plusieurs versets coraniques qui encouragent à travailler comme nous le faisons au sein de l'association. Dieu est juste ; c'est l'être humain qui fait des interprétations des textes coraniques. Dieu est amour. Que pensez-vous personnellement du débat sur l'avortement et de ce qui s'est passé avec le professeur Chraïbi la semaine dernière ? Cela fait longtemps que le professeur Chraïbi mène sa contre l'avortement clandestin. Maintenant, pourquoi a-t-il été interpellé par son ministre ? Je ne peux pas m'exprimer sur les dessous des questions administratives. Le professeur a toujours parlé de l'avortement clandestin et c'est un sujet qui doit effectivement être discuté et traité au Maroc. Pour cela nous devons prendre notre courage à 36 mains, pas à 2. Il faut la prévention d'abord. L'éducation sexuelle qui n'existe pas alors que dans le Coran, elle est bien stipulée. C'est pour cette raison que j'en veux à tous ceux qui passent leur journée à se disputer au parlement sans parler des vrais problèmes qui nous concernent. Autre chose, les médecins doivent être autorisés à pratiquer l'avortement dans certaines situations, et sous conditions. Il faut absolument que ce soit la dernière solution pour la femme qui doit le subir. Cela peut être le cas par exemple pour une malformation du fœtus, car nous n'avons même pas de structures pour recevoir les enfants handicapés. Personnellement, je pense que l'avortement doit être traité au cas par cas, on ne doit pas le généraliser. On doit discuter avec les femmes qui souhaitent avorter et leur demander si c'est cela véritablement la solution qu'elles souhaitent, car peut être que si on leur présente une autre solution, elles pourraient garder leur enfant. A titre d'exemple, moi, j'ai eu des mères célibataires ici à Solidarité féminine, qui ont été violées, qui ont cherché à avorter et n'y ont pas réussi. Lorsqu'elles viennent ici, elles remercient Dieu d'avoir pu garder leur bébé.