Le Maroc s'est offert une entrée par la grande porte dans l'ère spatiale et de l'information avec le déploiement en novembre dernier de son premier satellite d'observation de la terre de dernière génération. Grâce au satellite Mohammed VI-A, un dispositif à la pointe de la technologie, le Maroc accède de plain-pied au cercle restreint des pays avancés dans le domaine de la technologie spatiale. Il sera ainsi capable d'assurer une meilleure observation de son territoire et partant une parfaite maîtrise de ses ressources et de sa dynamique de développement. Ce nouvel outil, le nec plus ultra de la technologie spatiale, sera un levier de développement de la recherche et de l'innovation au Maroc et permettra au pays de renforcer ses capacités dans les domaines scientifique et technique. Et de par ses multiples atouts technologiques, il sera appelé à être un formidable accélérateur de développement économique et social. Le satellite Mohammed VI-A servira notamment aux domaines cartographiques et cadastrales, à l'aménagement territorial, au suivi des activités agricoles et des évolutions environnementales ainsi qu'à la prévention et à la gestion des catastrophes naturelles, d'après Arianespage, la première société de lancement de satellites au monde. Sa mise en service aura donc des retombées conséquentes sur plusieurs secteurs de l'économie nationale, dont les énergies renouvelables, la prospection minière et des hydrocarbures. Elle offrira aussi de grandes opportunités en matière d'urbanisme, de gestion des ressources hydriques et forestières, de lutte contre les effets des changements climatiques, la désertification et la migration clandestine. Et par-dessus tout, la maîtrise de ce nouvel outil permettra au Maroc de renforcer son indépendance et son autonomie en matière de collecte et de traitement de l'information. Fine fleur de la technologie spatiale du moment, le satellite Mohammed VI-A est de ce point de vue un outil de puissance et un vecteur de souveraineté, en ce sens qu'il permet au Maroc de devenir autonome en matière de visualisation cartographique. Car, en disposant de son propre satellite d'observation de la terre, le Maroc n'aura plus besoin de faire appel aux services des sociétés privées ou aux autres puissances spatiales pour lui fournir des images satellitaires de son territoire. Le Maroc va ainsi acquérir la captation et le traitement des données satellitaires et sera indépendant dans ce domaine. « Cela a un sens politique mais également un sens de développement scientifique et technologique« , résume Olivier Sandhy, spécialiste du spatial dans la cité de l'espace de Toulouse, faisant observer que « les pays qui font cela montent d'un cran dans l'ère de l'information ». L'autonomie est également le mot qui revient le plus dans la bouche du docteur en Hydrologie spatiale, Abdelghani Chehbouni. Pour cet expert attaché au laboratoire sur la propulsion des engins de la NASA, le Royaume, en mettant en orbite ce satellite d'imagerie très haute résolution, affiche clairement son ambition de faire partie de l'élite des nations qui ont choisi de prendre leur destin en main en matière de recherche spatiale. A bien des égards, le lancement du satellite Mohammed VI-A marque une percée majeure du Maroc dans la maîtrise de la technologie spatiale et un saut qualitatif d'envergure qui réaffirme le leadership du Royaume sur les plans régional et africain. Il consacre aussi son entrée dans la cour des grands acteurs de la conquête spatiale. Le satellite Mohammed VI-A est le deuxième engin spatial à être mis en orbite pour le compte du Maroc et le premier dédié à l'imagerie haute résolution. Il succède à un satellite météorologique déployé en décembre 2001 dans le cadre d'un projet conjoint entre le Centre royal de télédétection du Maroc (CRTS) et l'Université technique de Berlin (TUB).