Le satellite Mohammed VI-A lancé avec succès Le premier satellite de télédétection marocain, Mohammed VI-A, a été mis en orbite avec succès, hier, mercredi 8 novembre, depuis le Centre spatial de Kourou (Guyane française). Placé sous la coordination de l'opérateur français Arianespace, ce lancement pouvait être suivi sur les écrans marocains très tôt le mercredi (1h43 GMT). Fixé à la fusée italienne Vega, lanceur léger de l'Agence spatiale européenne (ESA), le satellite marocain s'en est désolidarisé quelques instants plus tard, se plaçant en orbite à 695 kilomètres de la Terre. Le satellite Mohammed VI-A, dont la durée de vie est de cinq ans, sera rejoint en 2018 par un second appareil (Mohammed VI-B, donc), avec lequel il fonctionnera de concert. Construits en France à la suite d'un contrat d'une enveloppe globale de 500 millions d'euros, conclu entre Rabat et Paris en 2013, ces deux satellites d'observation formeront donc un binôme et constitueront alors le système Pléiades, du nom du programme mis en place par Airbus Defence & Space et Thales Alenia Space. Selon ses concepteurs, Pléiades peut «surveiller une zone de 800 km de large à 70 cm près» et envoyer quotidiennement, à des intervalles de six heures, un total de près de 1 000 photos – de très haute résolution – au Centre royal de télédétection spatiale (CRTS) et au Centre royal d'études et de recherches spatiales (CRERS), à des fins civiles (cartographies et cadastrales, entre autres) et/ou militaires. Les deux satellites permettront donc au Maroc de mieux maîtriser l'observation de ses frontières et, partant, de lutter plus efficacement contre l'immigration clandestine et la contrebande. Cette technologie évoluée devrait également permettre d'améliorer la sécurité intérieure du pays, mais aussi de surveiller les groupes djihadistes qui sévissent au sud du Royaume (notamment AQMI). A ce propos, maints observateurs font noter qu'il s'agit, avant tout, de formidables outils de reconnaissance militaire, de satellites «espions». En Afrique, seules l'Egypte et l'Afrique du Sud disposaient jusqu'alors de telles capacités tactiques. Voisins jaloux? A en croire les «milieux autorisés», l'initiative marocaine aurait provoqué l'ire de nos voisins algériens et espagnols. D'autres spécialistes de la question privilégient plutôt la piste de la «jalousie entre voisins», l'Algérie étant à la traîne dans ce domaine (comme dans tant d'autres), quand l'Espagne, qui a pris un retard monstre dans la conception, en collaboration avec Airbus, de deux satellites d'observation (projet lancé en 2013, soit en même temps que celui du Maroc), ne peut s'appuyer actuellement que sur le réseau de satellites européen Helios (pris en charge par la France), et n'a, à ce titre, accès qu'à 2,5% de ses capacités d'images, ce qui représenterait quelque chose comme 200 images/jour. Cependant, la possibilité que nos voisins soient jaloux de l'avance prise par notre pays dans ce domaine est à écarter, le Maroc n'en étant pas à son coup d'essai en la matière. En effet, la mise en orbite de Mohammed VI-A a porté à trois le nombre de satellites lancés par notre pays. Le Royaume avait procédé dès 2001 au lancement de son premier satellite, baptisé Zarkaa Al Yamama et qui était dédié aux télécommunications et aux prévisions météorologiques, tandis qu'un dispositif similaire avait été lancé en 2011. En revanche, c'est la première fois que le Maroc dispose d'un satellite de reconnaissance militaire. Et c'est donc, à n'en point douter, cet avantage stratégique décisif qui a piqué Madrid et Alger. Ces satellites donnent la possibilité au Maroc de mettre la main sur des données essentielles concernant les installations militaires implantées de l'autre côté de Mare Nostrum et celles de notre voisin de l'est. Les mouvements de troupe de l'allié de toujours de ce dernier, le Front Polisario, devraient notamment être examinés avec minutie. «Big Brother is watching you», désormais...