Le 20 avril, Maroc Telecom a annoncé à ses abonnés un doublement automatique du débit fibre, désormais fixé à 1 Gb/s. Cette initiative a été suivie par Orange et Inwi, marquant un renforcement du très haut débit au Maroc. Cependant, malgré cette avancée, des obstacles géographiques, économiques et réglementaires freinent une adoption plus large de la fibre à travers le pays. Le 20 avril, les abonnés de Maroc Telecom ont reçu un SMS annonçant une amélioration significative : le débit de leur connexion fibre serait automatiquement doublé, atteignant désormais un plafond de 1 Gb/s. Cette annonce a été suivie de mesures similaires prises par Orange et Inwi, qui ont également augmenté la vitesse de leurs services internet. Si cette dynamique traduit une volonté de relance du marché du très haut débit, elle ne suffit pas à dissimuler les lacunes structurelles qui freinent encore sa généralisation, selon une analyse publiée par Les Inspirations Eco le 23 avril 2025. En 2024, le nombre d'abonnés au réseau FTTH (Fiber to the Home) s'élève à seulement 1,06 million, bien qu'il ait progressé de 25,5 % sur une année. À l'inverse, le marché de l'ADSL semble à l'arrêt, avec 1,59 million de lignes actives et une croissance pratiquement nulle (+0,12 %). Ce ralentissement soulève des interrogations sur les obstacles à l'extension du très haut débit. Lire aussi : Bientôt un câble sous-marin en fibre optique entre la Jordanie et l'Egypte L'un des principaux freins demeure l'inégalité du déploiement territorial. La fibre est largement concentrée dans les centres urbains, là où les investissements sont rapidement rentables. À l'opposé, les zones rurales et les périphéries urbaines sont souvent délaissées, en raison des coûts élevés et des incertitudes liées au retour sur investissement. Ce déséquilibre est aggravé par des problèmes réglementaires persistants : accès limité aux infrastructures souterraines, lenteur des démarches administratives pour les travaux de voirie, ou encore difficultés à connecter les logements en immeubles collectifs. Sur le plan économique, la question du coût reste cruciale. Pour de nombreux ménages, l'internet fixe est encore perçu comme un service réservé à une élite. Même si les opérateurs ont ajusté leurs prix à la baisse, les offres en fibre optique restent peu attractives pour les foyers à revenu modeste. Résultat : la demande reste timide, d'autant plus que les autorités publiques n'ont pas pris de mesures incitatives fortes pour démocratiser l'accès à ce service. Le marché reste donc largement dominé par l'internet mobile, qui représente à lui seul 93 % des abonnements à fin 2024, contre seulement 6,6 % pour le fixe. Les box 4G, faciles à installer et immédiatement fonctionnelles, séduisent de nombreux utilisateurs, notamment dans les régions où la fibre n'est pas encore disponible. Par ailleurs, une grande partie des consommateurs ne perçoit pas encore clairement les avantages réels de la fibre optique face à la 4G, faute de campagnes de sensibilisation efficaces et d'un accompagnement pédagogique. Cette méconnaissance illustre une faille dans la politique numérique nationale. Alors même que la fibre est censée accompagner les usages technologiques de demain – comme le télétravail, la vidéo à la demande, le cloud ou les objets connectés – elle reste un produit marginal. Enfin, l'insuffisante implication des pouvoirs publics est également mise en cause. Alors que plusieurs pays s'appuient sur l'action des collectivités locales pour accélérer le déploiement de la fibre, le Maroc semble adopter une approche plus prudente. Pourtant, la stratégie « Digital Maroc 2030 » affiche une ambition claire : rendre 5,6 millions de foyers éligibles à la fibre optique. Un objectif exigeant, qui nécessitera des efforts bien plus conséquents qu'une simple révision des offres commerciales. Avec MAP