Ayant montré des « signes de stabilisation" en 2024, suite à une période "prolongée et difficile" marquée par des "chocs sans précédent", l'économie mondiale se trouve aujourd'hui à un "tournant critique", prévient le Fonds monétaire international qui anticipe une croissance de 2,8% en 2025 et de 3% en 2026. Dans une mise à jour de ses "Perspectives de l'économie mondiale", publiées mardi à l'occasion de ses Réunions de printemps avec la Banque mondiale, le Fonds explique ces "signes de stabilisation" par un taux d'inflation "en baisse", une "normalisation" des marchés du travail vers leurs niveaux d'avant la pandémie et une croissance aux alentours de 3% ces dernières années. Le FMI note que les tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis, et les contre-mesures prises par leurs partenaires commerciaux, constituent un "à eux seuls un choc négatif majeur pour la croissance". Reflet de la complexité et de la fluidité de la situation actuelle, ce rapport ne présente qu'une "prévision de référence" basée sur les informations disponibles au 4 avril courant, au lieu de la base de référence habituelle, fait remarquer l'institution de Bretton Woods. "L'escalade rapide" des tensions commerciales et les "niveaux extrêmement élevés d'incertitude politique" devraient avoir un impact significatif sur l'activité économique mondiale, prévient le Fonds, qui note que cette situation a imposé une revue à la baisse de ses prévisions de croissance économique, établies en janvier dernier à 3,3% pour 2025 et 2026. Lire aussi : Réunions FMI-Banque mondiale à Washington: les tensions tarifaires en tête de l'agenda La croissance des économies avancées devrait s'établir globalement à 1,4% en 2025, avec des prévisions ramenées à 1,8% pour les Etats-Unis (contre 2,7% selon les perspectives de janvier), en raison d'une "plus grande incertitude politique, de tensions commerciales et d'une demande plus faible". Dans la zone euro, poursuit le FMI, la croissance devrait ralentir de 0,2 point de pourcentage, pour s'établir à 0,8%, alors que dans les économies émergentes et en développement, l'accroissement doit ralentir à 3,7% en 2025 et à 3,9% en 2026, avec des baisses plus significatives pour les pays les plus touchés par les récentes mesures commerciales. Pour la Chine par exemple, la croissance s'établirait à 4,0% en 2025 et 2026, représentant des baisses respectives de -0,6 et -0,5 point de pourcentage par rapport aux prévisions de janvier. L'inflation mondiale devrait aussi diminuer à un rythme légèrement inférieur à celui prévu en janvier, se félicite le Fonds, qui prévoit un taux de 4,3% en 2025 et 3,6% en 2026, avec des révisions à la hausse notables pour les économies avancées et de légères révisions à la baisse pour les économies émergentes et en développement en 2025. Le Fonds prévient que l'intensification de la guerre commerciale, conjuguée à une incertitude accrue en matière de politique commerciale, pourrait encore "réduire la croissance à court et long terme", tandis que l'érosion des marges de manœuvre politiques affaiblirait la résilience aux chocs futurs. Pour surmonter cette situation, l'institution financière recommande "clarté et coordination". Les pays sont appelés à œuvrer de "manière constructive pour promouvoir un environnement commercial stable et prévisible, faciliter la restructuration de la dette et relever les défis communs".