Le rideau est tombé, jeudi à Abidjan, sur le 5ème Sommet Union africaine-Union européenne des Chefs d'Etat et de gouvernement, sonnant le glas de deux jours d'intense échange de vues, d'aspirations et d'angoisses, et marquant également l'épilogue de plusieurs mini-sommets liminaires qui visaient, somme toute, à reconfigurer les paramètres du cadre partenarial UA-UE. Au terme de ce Sommet qui a réuni pas moins de 80 Chefs d'Etat et de gouvernement et 5000 participants représentant l'Afrique, l'Europe, l'ONU et des organisations internationales, une foultitude d'actions ont été définies, d'engagements pris et une assistance financière déclarée. Le président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker, s'est, en effet, engagé à investir 44 milliards d'euros, par l'entremise du plan européen d'investissement extérieur, pour « l'assistance aux Africains ». « Il faudra que nous investissons en Afrique. C'est la raison pour laquelle nous allons utiliser le Fonds d'investissement européen (FIE) à hauteur de 44 milliards d'euros pour assister sur place nos amis africains », a-t-il déclaré. Une autre déclaration de non moindre importance a été celle du président du Parlement européen, Antonio Tajani qui a, tout court, préconisé un Plan Marshall pour le développement et l'émergence de l'Afrique, notamment à travers un investissement massif dans les infrastructures. Ce plan, a-t-il plaidé, doit être arrimé à une coopération « main dans la main » et « d'égal à égal » entre les deux continents. Sur le plan politique, le 5ème conclave UA-UE a débouché sur deux déclarations, une portant exclusivement sur la situation des migrants en Libye et l'autre qui, ventilée en « domaines prioritaires stratégiques », déroule, en somme, la vision commune des deux blocs par rapport à la reconfiguration du partenariat stratégique Afrique-Europe en inscrivant des priorités communes dans la stratégie de coopération entre les deux parties pour les années à venir. Le texte final énumère ainsi « l'investissement dans les personnes, l'éducation, la science, la technologie et le développement des compétences », « le renforcement de la résilience politique, de la paix, de la sécurité et de la gouvernance », « la mobilisation des investissements pour la transformation structurelle de l'Afrique » et « la migration et la mobilité ». Par rapport à la question migratoire en Libye, un sujet qui a largement polarisé les débats, les Chefs d'Etat et de gouvernement se sont élevés contre le traitement inhumain réservé aux migrants sur le territoire libyen et réaffirmé la volonté commune des deux parties de relever les défis liés à la migration et à la mobilité. « Nous nous engageons résolument à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin aux graves atteintes aux droits de l'Homme en cours contre les migrants africains en Libye », lit-on dans la Déclaration conjointe sur la situation des migrants en Libye. En antichambre de cette 5ème rencontre africo-européenne, une réunion ministérielle UA-UE s'est tenue, la veille du Sommet, en vue d'asseoir le cadre de dialogue et d'ébaucher les pistes de réflexion entre les Chefs d'Etat et de gouvernement africains et européens. Bien avant, les 9 et 11 octobre, un Sommet Afrique-Europe de la jeunesse, désormais une tradition précédant le Sommet UA-UE, a eu lieu à Abidjan et débouché sur la Déclaration d'Abidjan qui, en agrégeant une série de recommandations, entend contribuer à la mise au point d'une stratégie cohérente et coordonnée afférente à la jeunesse dans le cadre du partenariat stratégique UA-UE. Sur la base de cette déclaration, 36 jeunes des deux continents ont poursuivi leur action par le biais de l'initiative « Youth plug-in » de l'UA et de l'UE. Du 12 octobre au 29 novembre, ils ont, en effet, mis en place un programme pour la jeunesse qui a été présenté aux dirigeants lors du sommet. Ce programme pour la jeunesse formule des propositions concrètes dans six domaines prioritaires, à savoir « Education et compétences », « Entreprises, création d'emplois et esprit d'entreprise », « Gouvernance et inclusion politique », « Paix et sécurité », « Culture, sports et arts » et « Environnement et changement climatique ». Plusieurs autres rencontres préparatoires ont eu lieu également afin de faire connaître les points de vue des acteurs clés du partenariat Afrique – Europe et de soumettre des recommandations thématiques spécifiques à la rencontre au Sommet. Il s'agit, en l'occurrence, du 3ème Forum de la société civile UA-UE (11-12 juillet). Dans leur Déclaration, les représentants de la société civile africaine et européenne ont souligné l'importance d'instaurer un climat favorable à la participation des organisations des sociétés civiles des deux continents en qualité d'acteurs indépendants et de partenaires à part entière dans le cadre de la Stratégie conjointe Afrique-UE (JAES). Ils ont également appelé les chefs d'Etat et de gouvernement et les institutions africaines et européennes à accroître leur soutien en faveur d'une participation en temps opportun, transparente et inclusive de la société civile à tous les niveaux du processus décisionnel, de la mise en œuvre, du suivi et de l'évaluation de la JAES. Il s'agit également du Forum des acteurs économiques et sociaux UA-UE (16-17 novembre). Cette rencontre a réuni plus d'une centaine de représentants des conseils économiques et sociaux et hauts représentants des organisations internationales des deux continents. Il ont débattu de thématiques tout aussi importantes que « la contribution des acteurs socio-économiques aux futures relations UA-UE », « les innovations dans l'agriculture et le secteur agroalimentaire pour transformer l'Afrique », « les stratégies au bénéfice des jeunes à travers l'éducation » et « le renforcement de compétences et le développement des économies vertes ». De même, le Forum des affaires UA-UE 2017 (27 novembre) s'est tenu dans l'objectif d'accroître les investissements ayant un impact direct et indirect sur le développement en Afrique. Avec pour thème général « Investir dans la création d'emplois pour la jeunesse », le Forum s'est penché sur les défis et opportunités d'investissement en Afrique en lien avec 4 priorités stratégiques de la coopération UA-UE, en l'occurrence les énergies renouvelables, l'agrobusiness, les infrastructures et l'économie numérique. En outre, la première édition du Forum des gouvernements locaux UA-UE (27 novembre) s'est tenue autour du thème de la refondation des relations Afrique-Europe pour un développement humain durable à partir des territoires. Cette rencontre a donné lieu à une Déclaration portant sur la contribution des gouvernements locaux et régionaux à la transformation structurelle de l'Afrique et à la mise en œuvre de l'Agenda 2063, ainsi que de l'apport desdits gouvernements à la mise en œuvre du consensus européen sur le développement et de l'Agenda 2030 des objectifs de développement durable. Le 5e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA-UE s'est déroulé sous le thème « Investir dans la jeunesse pour un investissement durable ».