Le ministère de l'Intérieur met en évidence un écart significatif entre les statistiques officielles de la criminalité et la perception de sécurité des citoyens au Maroc. Bien que les chiffres relatifs aux délits et infractions montrent une tendance modérée, cette réalité ne semble pas refléter la manière dont la population ressent la situation sécuritaire dans le pays. Dans son rapport annuel pour 2024, le ministère indique que les taux de criminalité au Maroc se sont stabilisés et restent relativement faibles comparés à ceux d'autres nations, notamment celles qui publient régulièrement des données statistiques sur la criminalité. Cependant, ce même rapport reconnaît que le sentiment d'insécurité des citoyens est souvent disproportionné par rapport à ces statistiques officielles. Il est précisé que cette discordance entre les chiffres et la perception de la sécurité découle en grande partie de la dramatisation de certains faits divers, de la circulation de rumeurs non fondées et de la couverture médiatique excessive de certains délits mineurs, qui, ensemble, génèrent une image faussée de la réalité. Ces éléments ont un effet direct sur la manière dont les Marocains perçoivent la criminalité et, en conséquence, leur niveau de sécurité ressenti, qui peut paraître bien plus élevé que les données réelles. Le ministère de l'Intérieur, sous la direction d'Abdelouafi Laftit, a pris des mesures pour renforcer ce sentiment de sécurité en mettant l'accent sur des crimes qui préoccupent particulièrement l'opinion publique, et qui ont un impact direct sur la tranquillité des citoyens. Parmi les infractions les plus inquiétantes, on retrouve le port d'armes blanches, les trafics de drogue et de psychotropes, les vols à l'arrachée, et les actes de délinquance près des établissements scolaires. Ce dernier point est d'autant plus important dans un contexte où la sécurité des jeunes et des étudiants est au cœur des préoccupations des familles. Une attention particulière est également portée sur la consommation et le trafic de nouvelles drogues comme le « L'poufa » et le crack, qui représentent des menaces sérieuses pour l'ordre public. Le ministère indique que les autorités locales et les services de sécurité déploient des efforts intensifiés pour contrer l'essor de ces substances, dont l'usage devient un véritable défi pour la société. Le rapport fait état de la saisie de plus de 13 kg de « L'poufa » entre janvier 2020 et juillet 2024, ainsi que de l'arrestation de plus de 1 000 individus liés à ces affaires. Ces mesures sont vues comme une réponse directe aux défis sécuritaires posés par ces drogues qui, selon le ministère, perturbent gravement l'équilibre social et mettent en péril la sécurité des quartiers, en particulier dans les zones urbaines sensibles. Le ministère souligne également que ces actions ont permis de maintenir un certain équilibre et de rassurer les citoyens sur la situation sécuritaire du pays. En effet, au cours des sept premiers mois de 2024, près de 642 000 affaires criminelles ont été enregistrées, dont environ la moitié sont liées aux atteintes physiques aux personnes ou aux biens. Cependant, les autorités locales, en collaboration avec les forces de l'ordre, ont atteint un taux de résolution des affaires impressionnant, avec 91 % des dossiers élucidés. Plus de 471 500 personnes ont été interpellées, dont près de 4 % sont des mineurs. Cela témoigne de l'efficacité des actions menées par les services de sécurité et des autorités locales. Les données recueillies montrent que 206 000 affaires affectent directement le sentiment de sécurité des Marocains, avec une concentration notable des infractions dans les zones urbaines, qui représentent 69 % des cas recensés. Cela met en lumière une problématique spécifique aux grandes villes, où la densité de population et la proximité des établissements publics et commerciaux rendent les citoyens plus vulnérables à certains types de délits.