Un rapport de l'Arab Barometer, un institut de recherche spécialisé dans l'opinion publique du monde arabe, révèle que les relations personnelles et la corruption demeurent omniprésentes au Maroc. Le document, publié vendredi, s'appuie sur plus de 2 400 entretiens menés dans le pays entre décembre 2023 et janvier 2024, offrant un éclairage sur les perceptions marocaines concernant la démocratie, l'économie, la migration, les droits des femmes et le changement climatique. L'une des conclusions les plus marquantes du rapport publié par Arab Barometer, indique que 74 % des Marocains estiment que la corruption est fortement présente au sein des institutions publiques. Cette perception est particulièrement prononcée parmi les groupes les plus démunis et les moins instruits, qui subissent de plein fouet les difficultés économiques du pays. En réponse à cette corruption flagrante, de nombreux Marocains ont recours à des réseaux informels, tels que les « wasta » (connexions) ou « rashwa » (corruption), pour obtenir un emploi ou accélérer des procédures bureaucratiques. Environ 65 % des personnes interrogées admettent avoir utilisé ces pratiques. Seuls 49 % des Marocains pensent que le gouvernement d'Aziz Akhannouch, en place depuis septembre 2023, entreprend des actions efficaces contre la corruption. Ce chiffre dissimule toutefois de profondes disparités entre les différentes couches sociales, les plus aisés étant plus optimistes que les moins favorisés. En termes de satisfaction à l'égard des services publics, les avis sont partagés. Les soins de santé, par exemple, enregistrent une satisfaction de 35 %, soit presque le double qu'en 2018, bien que des écarts subsistent entre les plus riches (44 %) et les plus pauvres (26 %). Les chiffres montrent que la corruption n'est pas simplement un problème national, mais touche aussi les niveaux locaux et régionaux. Les deux tiers des Marocains déclarent avoir utilisé des moyens non éthiques pour obtenir des documents officiels ou un emploi, soulignant l'ampleur du défi. En dépit des initiatives de lutte contre la corruption, moins de la moitié des Marocains (47 %) pensent que les efforts gouvernementaux sont effectifs, une légère hausse par rapport à 2018. Cette perception varie aussi selon le statut socio-économique, les plus riches étant plus confiants dans les mesures anti-corruption (63 %) comparés aux moins riches (35 %). Concernant la participation politique, 55 % des Marocains expriment une volonté de réformes immédiates, tandis que 37 % préfèrent des réformes progressives. Une infime minorité (6 %) estime que des réformes ne sont pas nécessaires. La perception de la liberté d'expression est également en hausse, avec 58 % des Marocains la jugeant garantie, contre moins en 2018. Le rapport révèle par ailleurs un regain de soutien à la démocratie. Malgré une récente diminution des avis positifs, les sessions du Baromètre arabe montrent un retour de l'appui populaire. Trois quarts des Marocains considèrent désormais que, malgré ses imperfections, la démocratie reste supérieure aux autres systèmes politiques. Néanmoins, cette vision est davantage partagée par les segments les plus riches et instruits, dont la moitié estiment que le pays s'est démocratisé depuis le Printemps arabe.