Les syndicats sont en ordre de bataille le 1er Mai, afin de revendiquer leurs droits inaliénables concernant la hausse des salaires, la réforme de la retraite, et le droit de grève. Cette marche marquée de doléances à l'échelle nationale est un moyen de mettre la pression sur le gouvernement, afin qu'il accède à leurs revendications de façon systémique. Comme un rituel, le 1er Mai a été l'occasion pour les centrales syndicales de rappeler un paquet de doléances à l'endroit des autorités étatiques. Cependant, 2024 est une année assez particulière car les derniers jours ont vu le gouvernement, patronat et syndicat convenir d'un consensus à propos du dialogue social, qui, est l'acte 1 d'une stratégie gouvernementale visant à concourir au dialogue sur différents points relevant de la situation des employés au Maroc. Recevant les syndicats, le ministre de l'Inclusion économique, de l'Emploi, M. Younes Sekkouri, a déclaré que le dialogue social a enregistré de grandes avancées grâce à l'accord du 30 avril 2022, et cela grâce à l'institutionnalisation ayant permis au gouvernement, et aux syndicats très représentés ainsi qu'aux représentants des entreprises de poursuivre les discussions de manière continue, dans l'objectif de trouver des solutions aux problèmes posés durant les 30 mois de mandat de l'actuel gouvernement. Lire aussi : Syndicats contre gouvernement : l'augmentation des salaires en question Malgré les critiques de certains partis de l'opposition, comme l'USFP, le PPS, UNTM, proche du PJD, les partenaires sociaux semblent d'accord sur les avancées du dialogue qui ont permis d'aboutir à un nouvel accord. Par ailleurs, le ministre de l'emploi, a souligné que le gouvernement a résolu, de manière responsable, des problèmes qui persistaient dans plusieurs secteurs, comme l'enseignement supérieur et la santé. Plus concrètement, les négociations entre les partenaires sociaux ont permis d'aboutir à de nouvelles mesures profitant aux travailleurs. Cela passe par la revalorisation des salaires des fonctionnaires du public, des collectivités territoriales et des établissements publics, à raison de 1000 dhs, fractionné en 2 tranches, la première tranche sera accordée au mois de Juillet 2024 et la deuxième tranche au mois de Juillet 2025. Par ailleurs, la hausse du SMIG et du SMAG à hauteur de 10%, cette revalorisation de respectivement 20% pour le SMIG et 25% pour le SMAG depuis le début du dialogue sociale, précise le ministre de l'inclusion économique, de l'emploi et des Compétences, M. Younes Sekkouri. Par rapport à la révision de l'impôt sur le revenu (IR), il y aura une exonération pour les revenus de moins de 6.000 dhs, ainsi qu'une réduction des taux pratiqués sur les salaires de la classe moyenne, permettant ainsi de bénéficier d'une réduction approximative de 50%, en plus d'une baisse du taux marginal de 38 à 37%. Ces mesures draconiennes auront pour résultat une hausse des revenus des fonctionnaires pouvant atteindre 500 dhs par mois, à compter du 1er Janvier 2025. Concernant les partis de l'opposition, ils ont alerté sur la contrepartie de ces nouvelles mesures. En effet, ils ont appelé à éviter la logique du « donnant-donnant », estimant que les nouveaux engagements ne doivent pas être un prétexte, de l'adoption d'une version de la loi organique sur le droit de grève, limitant ainsi les libertés syndicales, ou une réforme sur les retraites impactant négativement les acquis des retraités. Au niveau du droit de grève, M. Younes Sekkouri, a notifié que le projet de loi répond aux principes fondamentaux concernant la garantie de sa conformité avec la Constitution et la législation internationale relative à l'exercice du droit de grève et l'encadrement de l'exercice du droit de grève dans le public et le privé. Enfin, de façon générale, l'idée serait d'assurer un équilibre entre le droit de grève et la liberté de travailler. Le gouvernement procèdera ainsi à la programmation d'un projet de loi pour examen et adoption lors de l'actuel session parlementaire. La réforme du code du travail sera in fine progressive, selon une approche participative. La réforme des régimes de retraite est litigieuse, notamment l'augmentation de l'âge de départ à la retraite. Le ministre de l'emploi a rappelé que l'accord porte sur la mise en place d'un régime réparti en 2 pôles public et privé, comportant une identification des mécanismes de transition vers le nouveau système. L'entrée en vigueur de la réforme grâce aux efforts fournis permettra de solutionner la problématique du déficit budgétaire des caisses de l'Etat quant au financement des retraites. Quant aux syndicats, ils soulignent que l'institutionnalisation du dialogue social, est basé désormais sur des objectifs logiques et des résultats tangibles. Tout en indiquant que le gouvernement n'a pas cherché à soudoyer les syndicats malgré les rumeurs qui circulent. De même, le dossier de réforme des retraites est sur le point d'être lancé, ainsi que la révision du code de travail et le droit de grève. L'objectif principal serait de ne pas faire de concessions unilatérales. En dernier lieu, les syndicats tendent à affirmer que l'augmentation des salaires, qui est à la base utilisée comme instrument de contrer l'inflation, n'est pas suffisante à long terme, en effet, l'augmentation des salaires est un combat indissociable de la lutte sociale, et il serait insensé que des secteurs comme l'aviation rapporte des milliards à l'Etat, alors que les ouvriers évoluant dans ce secteur ne touchent que le SMIG.