Une grève massive des contrôleurs aériens a entraîné l'annulation de 75% des vols à l'aéroport d'Orly et jusqu'à 50% dans les aéroports régionaux. Cette perturbation majeure survient après l'échec des négociations sur la refonte de l'organisation du contrôle aérien français. Les syndicats, suite à un blocage dans les pourparlers, ont lancé un appel à la grève. L'objectif des négociations était de permettre au transport aérien français d'absorber l'augmentation du trafic et de réduire les retards chroniques. De plus, une modernisation et une optimisation du système de contrôle aérien sont réclamées par le personnel. Le Syndicat National des Contrôleurs du Trafic Aérien (SNCTA) et d'autres organisations syndicales représentatives ont exhorté à la grève pour exprimer leur mécontentement face au projet de réforme présenté par l'administration. Les négociations, qui durent depuis 15 mois, prévoient une refonte de l'organisation du contrôle aérien, incluant une révision du maillage territorial des services de navigation aérienne et une réorganisation du travail des contrôleurs pour faire face à l'augmentation du trafic. En contrepartie, des hausses de rémunérations et des embauches sont attendues. Le syndicat déplore l'échec des discussions, particulièrement sur les mesures d'accompagnement social, et accorde un délai supplémentaire de 15 jours aux autorités pour trouver une issue favorable. Le budget de la Direction Générale de l'Aviation Civile (DGAC) est principalement constitué des redevances versées par les compagnies aériennes. Par conséquent, tout surcoût sera inévitablement répercuté sur les passagers, impactant principalement les compagnies françaises et nuisant à leur compétitivité. Les compagnies aériennes françaises, déjà affaiblies par des records de grèves, perdent des parts de marché au profit des compagnies turques et du Golfe. Cette situation a coûté au secteur aérien européen environ 800 millions d'euros entre 2018 et 2022, dont 624 millions d'euros pour la France seule. Comparativement, l'Italie a subi un manque à gagner de 147 millions d'euros et la Grèce de 22 millions d'euros sur la même période, selon les données de la Fédération Nationale de l'Aviation et de ses Métiers (FNAM). Face à une prévision d'augmentation du trafic aérien de 20 à 30% d'ici 2030, le SNCTA réclame une hausse nette des salaires de 5% par an pour la période 2023-2027. Contrairement aux idées reçues, cette augmentation n'engendrerait aucun coût pour l'Etat, les contrôleurs étant rémunérés via les redevances des compagnies aériennes. À noter que la redevance en France est la moins élevée d'Europe. La grève, qui ne sera pas reconduite, prendra fin vendredi matin à 6 heures. Malgré les difficultés actuelles, le secteur aérien anticipe un été dynamique. Cette grève d'envergure risque de perturber significativement les liaisons aériennes entre la France et le Royaume-Uni, la France étant la destination principale des passagers marocains. En effet, en 2017, la France représentait la destination majeure des dessertes aériennes au niveau des aéroports marocains, avec 6 141 937 passagers, soit 30,58 % du total du trafic aérien international de passagers.