La Turquie tourne la page de 2023, une année marquée par une série d'événements majeurs dont l'impact continuera à se faire ressentir sur une longue période. Le pays a notamment connu un scrutin présidentiel débouchant sur la réélection de Recep Tayyip Erdoğan et un séisme dévastateur qui a ravagé ses provinces sud. Ainsi, la Turquie a débuté l'année avec un double tremblement de terre sans précédent qui a frappé, le 6 février, plus de dix provinces dans le sud, faisant au moins 50.000 morts et blessés et des dizaines de milliers de déplacés. La catastrophe et les milliers de répliques qui ont suivi ont provoqué des destructions massives, dont quelque 160.000 bâtiments qui se sont complètement effondrés, plus d'un million de bâtiments qui doivent être réparés, en plus de la destruction de centaines d'infrastructures vitales. Au cours des mois qui ont suivi la catastrophe, Ankara s'est concentrée sur l'obtention des fonds nécessaires pour la reconstruction des zones touchées, le ministère turc des Finances estimant le coût du séisme à environ 100 milliards de dollars, soit environ 9% des prévisions du PIB pour l'année 2023. Dans son projet de budget 2024, le pays a alloué 37 milliards de dollars pour couvrir les coûts des dégâts liés au tremblement de terre et les besoins des citoyens dans les provinces du sud. Ce montant s'ajoute au milliard de dollars que la Banque mondiale (BM) a prêté au pays en septembre dernier et au milliard et demi de dollars que la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) prévoit d'investir dans les zones touchées au cours des deux prochaines années. Lire aussi :Une visite d'Etat sous tension entre la France et l'Algérie D'autre part, les élections présidentielles et législatives de mai ont constitué le deuxième événement qui a marqué la Turquie au cours de l'année écoulée, les électeurs turcs ayant renouvelé leur confiance en leur président, Recep Tayyip Erdoğan, qui a remporté un troisième mandat présidentiel, en plus de la victoire de sa coalition obtenant la majorité des sièges au Parlement. Après sa victoire, M. Erdoğan a nommé une nouvelle équipe économique, dirigée par le ministre du Trésor et des Finances, Mehmet Şimşek, et la gouverneure de la Banque centrale turque, Hafize Gaye Erkan, afin de redresser la trajectoire de l'économie nationale, qui souffre depuis des années d'une inflation record et d'un effondrement de la monnaie nationale face au dollar. La nouvelle équipe s'est concentrée sur le resserrement de la politique monétaire du pays en augmentant les taux d'intérêt et en imposant de nouvelles taxes, en plus d'éliminer les programmes monétaires qui ont causé des millions de dollars de pertes au budget de l'Etat. Dans ce sens, la Banque centrale turque a relevé le taux d'intérêt de manière significative, passant de 8,5% avant mai 2023 à 42,5% en décembre de la même année. La Banque centrale espère que cette mesure contribuera à atténuer l'inflation élevée (environ 62% actuellement) en limitant la consommation et les prêts bancaires aux particuliers. L'année 2023 a également été marquée par le lancement du débat sur un projet de nouvelle Constitution, dont les grandes lignes restent encore floues. Bien qu'il existe un consensus national sur l'importance de changer la Constitution, qui remonte aux années 1980, les désaccords promettent de s'intensifier entre la majorité et l'opposition sur le contenu du texte à venir. Une situation qui devrait s'éclaircir après les élections locales de mars 2024.