Les récents progrès de l'intelligence artificielle s'imposent comme un outil quasi-indispensable dans le milieu professionnel. Ces dernières années, les médias se sont emparés des nouveaux outils d'intelligence artificielle disponibles qui s'efforcent de recréer l'activité du cerveau humain à l'aide d'algorithmes plus avancés. L'IA s'est invitée d'une manière sporadique dans la vie des entreprises, elle représente une source d'innovation en matière des processus opérationnels ou encore l'affinement de connaissances grâce à l'analyse des données. Dans le domaine du journalisme, la majorité des entreprises de presse utilisent cette technologie dans au moins un aspect de leur travail, mais nombreux sont ceux qui s'inquiètent encore des implications éthiques de cette approche. Notant que l'IA s'adapte à toutes les étapes du travail journalistique, allant de la collecte et du traitement des informations, suivie par la réalisation des contenus eux-mêmes, enfin lors de leur publication ou de leur diffusion. L'élargissement de son champ d'utilisation et de ses domaines d'intervention a suscité de nombreux débats, notamment au sein des rédactions. En effet, son utilisation pour la génération de contenu offre aux journalistes un moyen puissant d'accroître leur productivité et leur créativité, mais elle suscite néanmoins des inquiétudes quant à son impact sur les valeurs journalistiques. Le journalisme dans le monde traverse une nouvelle période de changements technologiques « à la fois passionnants et effrayants ». Les nouveaux outils d'IA générative constituent une « menace potentielle » pour l'intégrité de l'information et des médias. Mais ils offrent également une « opportunité incroyable » de rendre le journalisme plus efficace, plus performant et plus digne de confiance, selon une étude réalisée par le projet JournalismAI de la London School of Economics (LSE), publiée avant le sommet de Bletchley Park au Royaume-Uni, dédié à l'essor fulgurant de l'IA. L'enquête a, par ailleurs, souligné que près des trois quarts des entreprises de presse utilisent l'intelligence artificielle pour la collecte, la production ou la distribution d'informations, et environ 80 % des personnes interrogées s'attendent à ce que l'IA joue un rôle plus important dans leurs salles de rédaction. Les personnes interrogées ont attribué l'énorme succès de technologies telles que ChatGPT et Google Bard à leur accessibilité et à leurs faibles exigences en matière de compétences techniques. Cependant, les personnes interrogées étaient presque unanimes quant à leur conviction que tout le contenu généré par l'IA doit être vérifié manuellement pour atténuer les risques potentiels de biais et d'inexactitude, avec plus de 60 % exprimant des inquiétudes quant à la qualité éditoriale. Les auteurs du rapport, Mira Yaseen et Charlie Beckett ont déclaré que les journalistes tentent de déterminer comment intégrer les technologies de l'IA dans leur travail en respectant les valeurs journalistiques telles que l'exactitude, l'équité et la transparence. Lire aussi : Intelligence artificielle : Biden signe un décret pour limiter les risques Toutefois, l'enquête prévient contre la répartition inégale des avantages de l'IA entre les petites et les grandes entreprises de presse et entre les pays du Sud et les pays du Nord. Notamment, les avantages sociaux et économiques de l'IA sont principalement concentrés dans les pays du Nord, une s'explique par diverses raisons, telles que l'accessibilité de l'infrastructure technique, l'abondance des capitaux et les institutions de recherche bien financées dans ces pays, selon la même source. Par contre, les personnes sondées dans les pays du Sud ont indiqué que les barrières linguistiques constituent un défi constant étant donné que la majorité des outils ne sont disponibles qu'en anglais Cependant, l'impact de l'IA dépendra largement des choix politiques et éthiques que les humains feront au sein des agences de presse. Si le but est simplement de générer du clickbait, cette technologie rend la tâche bien plus facile. Ainsi, cela ouvre également la possibilité aux « bons » journalistes de faire un travail plus « humain » avec l'aide de l'IA. Dans un monde où abondent les fausses nouvelles générées par les machines, un journalisme de service public responsable doit utiliser tous les outils disponibles pour prendre les devants.