La junte qui a renversé le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement, au Niger la semaine dernière, a reçu le soutien de milliers de Nigériens dans les rues, brandissant des drapeaux russes et criant des slogans pro-Poutine, tandis que l'ancienne puissance coloniale, la France, était accusée lundi de vouloir "intervenir militairement" pour rétablir le régime déchu. Le coup d'Etat a suscité la condamnation de la plupart de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis et de la France, qui ont des troupes stationnées dans le pays. Les putschistes ont également affirmé que la France avait tenté de mener des frappes contre la présidence pour libérer Bazoum, qui avait autorisé l'intervention française. Paris a nié ces allégations et a déclaré qu'il se concentrait sur la protection de ses ressortissants et de ses intérêts, conformément à la promesse du président Emmanuel Macron d'une action "immédiate" en cas d'attaque contre les Français au Niger. Le dimanche 30 juillet, les chefs d'Etat ouest-africains ont menacé d'une action militaire contre les militaires nigériens, qui ont pris d'assaut l'ambassade de France à Niamey. Le Niger deviendrait ainsi le quatrième pays de la CEDEAO sous contrôle militaire si le coup d'Etat réussissait, selon François Conradie, économiste politique en chef chez Oxford Economics Africa. "C'est un cauchemar pour l'organisation régionale et ses dirigeants civils", dit-il. Il ajoute que les putschistes demanderont probablement le retrait des troupes françaises du Niger, ce qui aura des « conséquences négatives pour les entreprises françaises, notamment minières – qui peut avoir des implications pour la sécurité énergétique française, compte tenu de sa dépendance à l'uranium nigérien pour la production d'énergie nucléaire. Au-delà de la France, le coup d'Etat aura également des implications négatives pour l'UE puisque le Niger est un important producteur mondial d'uranium et représente environ 25 % de ces livraisons au bloc. Les experts avertissent également que le coup d'Etat au Niger est susceptible d'accroître les inquiétudes concernant le déplacement des communautés dans la région du Sahel et les problèmes de sécurité plus larges. Le continent africain est devenu un nouveau champ de bataille diplomatique, avec une influence croissante de la Russie et de la Chine et un sentiment anti-français élevé dans certaines anciennes colonies. Le sentiment anti-français a été à l'origine des changements de régime au Mali et au Burkina Faso voisins au cours des deux dernières années, obligeant le retrait des troupes françaises. Pendant ce temps, le sentiment pro-russe s'est renforcé et les mercenaires du groupe Wagner ont établi des présences au Mali, en RCA, en Libye et dans d'autres Etats en difficulté.