Le ministre de l'Inclusion économique, des Petites entreprises, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkoury, a fait le déplacement à Genève avec une délégation composée de membres de son Cabinet et de représentants des syndicats. Ils participent à la conférence annuelle de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), qui se tient du 5 au 16 juin. Cette délégation pléthorique pour près de 10 jours de conférence reste un coup porté aux finances publiques, qui dans un contexte inflationniste sévère pose des questions. Selon les documents publiés sur le site de l'OIT, la délégation marocaine compte pas moins de 15 personnes, dont le Chef de Cabinet du ministre, trois conseillers, une chargée d'études, le secrétaire général par intérim du ministère et le secrétaire général par intérim du secteur de la Formation professionnelle. S'y ajoutent cinq représentants de l'Union générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), cinq représentants de l'Union marocaine du Travail (UMT) et quatre représentants de la Confédération démocratique du Travail (CDT). Ce nombre « exagéré » de proches collaborateurs du ministre soulève des interrogations sur l'utilité et le coût d'une telle délégation, financée par le Trésor public. D'autant plus qu'il contraste avec la taille des délégations d'autres pays ayant une grande expérience au sein de l'OIT. Il contredit également les exigences de la loi fondamentale de l'OIT, qui stipule que chaque Etat membre doit être représenté par quatre délégués, dont deux gouvernementaux, un employeur et un travailleur. Chaque délégué peut être accompagné de deux conseillers au plus pour chaque point à l'ordre du jour. Lire aussi : La fracture mondiale en matière d'emploi s'accentue, selon l'OIT Le ministre Sekkoury n'a pas seulement fait preuve de générosité envers ses proches, mais aussi envers les syndicats qui lui sont favorables. Dans ce sens, il a accordé une large place à l'UGTM, affiliée au Parti de l'Istiqlal dont il est membre, et à l'UMT, qui soutient le parti majoritaire au gouvernement. Il a ainsi marginalisé les autres syndicats qui ne partagent pas sa vision. Que faire de la circulaire du 15 février 2022 ? En pleine crise économique due à la guerre en Ukraine, le chef de gouvernement, Aziz Akhannouch, a adressé une circulaire n° 4-22-cab du 13 Rejab 1443 (15 février 2022) à ses ministres, aux administrations et aux établissements publics pour leur demander de réduire leurs dépenses. Akhannouch a ainsi demandé aux départements ministériels et institutions de préparer leurs propositions qui devaient être accompagnées d'objectifs et d'indicateurs de performance, en tenant compte des dispositions de rationalisation des dépenses des différents secteurs publics. Mais avec la myriade de personnes qui a effectué le déplacement pour 10 jours aux frais du contribuable marocain, dans un contexte de resserrement des dépenses publiques, le bureau du chef du gouvernement devrait, nécessairement, revoir le respect des notes de service et consignes adressées à son gouvernement et autres organisations. Pourtant, la circulaire a recommandé de diminuer ou de supprimer certaines dépenses, comme celles relatives au transport ou au déplacement, à la gestion du parc automobile, à la location et à l'ameublement des sièges, à l'aménagement des locaux, aux déplacements à l'étranger, aux réceptions, aux cérémonies, aux colloques et aux conférences. Mais, au-delà de ce déplacement, d'autres activités où l'Etat est concerné restent des niches où les dépenses publiques ne sont pas rationalisées.