Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a alerté dans un communiqué mardi 25 avril qu'elle s'attendait à un « exode massif » de personnes fuyant les combats au Soudan pour se réfugier dans les pays voisins tels que le Tchad ou le Soudan du Sud. Le HCR a estimé que « jusqu'à 270 000 personnes pourraient fuir au Tchad et au Soudan du Sud voisins » suites aux combats en cours au Soudan opposant les forces fidèles au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan à celles de Mohamed Hamdan Daglo, qui commande les Forces paramilitaires de soutien rapide (RSF). Laura Lo Castro, Représentante du HCR au Tchad, a déclaré dans ce communiqué que quelque 20 000 réfugiés étaient arrivés dans ce pays, ajoutant que l'agence s'attendait à ce qu'il y en ait jusqu'à 100 000 « dans le pire des cas ». Selon le HCR, plus de 400 000 anciens et nouveaux réfugiés soudanais sont déjà accueillis dans 13 camps et au sein des communautés locales dans l'est du Tchad. « C'est une course contre la montre pour les humanitaires » qui sont à pied d'œuvre pour venir en aide aux réfugiés soudanais, a affirmé Castro depuis N'Djamena. Sa collègue au Soudan du Sud, Marie-Hélène Verney, a noté, pour sa part, que « le scénario le plus probable est celui de 45 000 réfugiés et surtout 125 000 retours de réfugiés sud-soudanais qui vivaient au Soudan ». La porte-parole du HCR à Genève, Olga Sarrado, a souligné que l'agence prévoit d'observer dans les jours à venir « les départs de nouveaux réfugiés soudanais vers les pays voisins, les retours de réfugiés qui étaient accueillis par le Soudan et les mouvements d'autres réfugiés accueillis par le Soudan vers d'autres pays voisins ». Face à ces scénarios d'afflux de réfugiés au Tchad et au Soudan du Sud, les différentes agences de l'ONU ainsi que leurs partenaires ont annoncé qu'ils avaient déployé des équipes d'urgence le long de la frontière orientale avec le Soudan « pour répondre aux besoins urgents de protection et d'aide humanitaire ». Le Soudan a plongé dans le chaos depuis le 15 avril, date du déclenchement de combats entre le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis 2021, et son numéro deux Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Les combats s'étendent de jour en jour. De nouveaux quartiers de Khartoum et de nouvelles régions du pays, notamment dans le Darfour, sont aspirés dans un conflit qui couve depuis des mois. « Des millions de civils sont pris dans les combats et manquent rapidement de produits de première nécessité », a écrit vendredi l'ONG International Crisis Group. Selon elle, « le conflit pourrait rapidement glisser vers une véritable guerre durable », contaminant les périphéries du Soudan, déjà exsangue, puis certains de ses voisins.