Face à un gouvernement inflexible sur son projet de réforme des retraites, qui stipule le report de l'âge légal de départ à la retraite à 64, les syndicats se disent prêts à tout pour contraindre l'exécutif à rétropédaler. Quitte à bloquer le pays, à coup de grèves reconductibles dans tous les secteurs d'activité. Jusqu'à vendredi, l'intersyndicale, regroupant les principaux syndicats du pays, se contentait de mobiliser les Français contre le projet controversé du gouvernement à travers des journées de grève et des manifestations. Toutefois, samedi dernier, et à l'occasion d'une nouvelle journée de manifestations, la quatrième en moins d'un mois, après celles du 19 et 31 janvier et du 7 février, le ton est monté d'un cran lorsque les syndicats ont brandi la menace de mettre le pays à l'arrêt total. Les syndicats appellent à mettre « la France à l'arrêt » à partir du 7 mars, a déclaré Frédéric Souillot, secrétaire général de Force Ouvrière, qui s'exprimait au nom de l'intersyndicale, lors d'une conférence de presse, peu avant le début de la manifestation parisienne « L'intersyndicale appelle les parlementaires à prendre leurs responsabilités et le gouvernement à retirer son projet. Dans le cas contraire, elle est prête à durcir le mouvement par des actions interprofessionnelles le 16 février et mettre la France à l'arrêt dans tous les secteurs le 7 mars prochain », écrit l'intersyndicale dans un communiqué. Pour Philippe Martinez, secrétaire général de la puissante Confédération générale du Travail (CGT), il s'agit d'un "avertissement" pour l'équipe d'Elisabeth Borne, mettant en garde que le mouvement "va se durcir" si le gouvernement ne retire pas son texte. Lire aussi : France/Retraites : Grève surprise à Orly avec un vol sur deux annulé Bloquer le pays est l'un des scénarios les plus redoutés aussi bien par l'Exécutif que la société française, compte tenu de son coût faramineux pour l'économie du pays et les nombreux dysfonctionnements pour la marche normale du pays. Ce blocage viendra aussi rappeler le mouvement social survenu entre décembre 2019 et février 2020, contre ce même projet de réforme, ce qui fut le mouvement social le plus important en France depuis les manifestations contre la réforme des retraites de 2010, et qui a été derrière l'une des plus longues grèves de l'histoire dans les transports parisiens (plus d'un mois). A l'époque, une série de mobilisations nationales et de grèves avaient secoué le pays, alors que le gouvernement était déterminé à aller de l'avant dans son projet, avant que la pandémie de Covid-19 ne vienne mettre tout le monde à l'arrêt, et pas que la France. Une fois réélu en avril 2022, le président Emmanuel Macron est revenu avec une nouvelle mouture de son texte, un peu peaufinée et révisée, avec une "concession" sur l'âge de départ à la retraite qui était fixé à 65 ans dans le projet précédent et ramené à 64 ans dans le nouveau texte. Toutefois, syndicats et partis de l'opposition ne veulent rien entendre et exigent un retrait pur et simple du projet de réforme. Ainsi, le gouvernement, amputé de sa majorité absolue à l'Assemblée nationale depuis les dernières législatives, mène une bataille sur deux fronts. Affronter la colère des oppositions à l'hémicycle, où les débats font rage depuis lundi dernier et où plus de 20.000 propositions d'amendements ont été présentés, et une gronde populaire qui ne cesse d'intensifier, comme en témoigne le nombre de travailleurs, d'étudiants, de lycéens et de retraités qui battent le pavé à chaque appel à manifester. Avec MAP