Quelques jours après la « grande marche », des syndicats et partis d'opposition appellent à la grève générale dans toute la France contre la politique économique du président Emmanuel Macron. Réunis autour de la CGT et de la coalition de gauche Nupes, ils reviennent à la charge après la « réussite » de la marche « contre la hausse du coût de la vie et l'inaction climatique » qui a eu lieu le dimanche 16 octobre à Paris. La « marche contre la vie chère » qui a réuni 140.000 personnes dimanche dernier à Paris, dans une ambiance survoltée, a donné des idées aux organisateurs qui aujourd'hui appellent à la grève générale dans toute la France. Avec une grève du carburant et la grande mobilisation des forces interprofessionnelles ce mardi, qui pourrait toucher le train, le métro et les ports, la manifestation massive de la gauche est un coup de semonce pour le gouvernement d'Emmanuel Macron en pleine crise. Dans la phase initiale, la colère populaire est aussi dirigée contre la CGT, qui exigeait une augmentation de salaire de 10 % et, selon les confidents de Macron, « prend la population en otage ». Le groupe TotalEnergies, en revanche, proposait 7% – plus une prime annuelle pouvant aller jusqu'à 6 000 euros. Les syndicats modérés comme la CFDT et la CFE-CGC l'ont accepté. L'ex-CGT communiste a en revanche quitté les négociations salariales. Elle veut étendre la grève à d'autres secteurs si possible. Pour ce mardi (18 octobre), elle appelle à une « grève nationale » – un cran en dessous d'une grève générale. Cette grève concerne également les centrales nucléaires françaises. L'énergéticien EDF a déjà dû reporter son projet de remise en service de cinq réacteurs nucléaires à l'arrêt. Le retard pour les réacteurs en question pourrait aller d'un jour à trois semaines. La France tire 70 % de son électricité d'un total de 56 réacteurs nucléaires, dont 30 sont actuellement hors service en raison de problèmes de maintenance ou de corrosion. La majorité accuse le gouvernement d'inaction La grève nationale devrait alors toucher également la SNCF. De nombreux travailleurs qui sont passés au train par manque d'essence ne peuvent que rester chez eux. Même si de plus en plus de Français souffrent du blocage croissant des transports privés et publics, selon les sondages, ils ne blâment plus les syndicats des raffineries, ni le groupe TotalEnergies, qui a réalisé un bénéfice de plus de dix milliards d'euros au premier semestre. Au contraire, leur colère est dirigée contre le gouvernement. Selon l'enquête, 82% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles « n'en faisaient pas assez ». C'est en soi injustifié : Emmanuel Macron a très tôt plafonné les prix du gaz et de l'électricité, c'est pourquoi l'inflation en France est inférieure de 6 % à celle de l'Allemagne ou de l'Espagne, par exemple. En revanche, le Président a traversé la crise sociale qui s'annonçait d'une manière similaire à celle des « gilets jaunes » il y a trois ans. « Macron seul responsable du blocus national » L'opposition attend pour se mobiliser contre le président, affaibli depuis sa réélection en avril. Dimanche 16 octobre, Marine Le Pen a accusé Macron d'être le seul responsable du blocus de l'Etat, qu'il n'avait pas anticipé. Comme la gauche, l'ex-candidat à la présidentielle appelle à un cycle de négociations collectives mené par le gouvernement entre les partenaires sociaux. Un peu impuissant, Macron a promis mercredi dernier (12 octobre) que les stations-service seraient à nouveau desservies « dans le courant de la semaine prochaine ». Cela doit rester un vœu pieux. Au contraire, la pénurie de carburant semble être le seul déclencheur d'une vaste crise sociale. Et cela dans un environnement où les signes pointent déjà vers une crise.