En lançant le chantier de la généralisation de la couverture sociale, le Maroc s'est engagé dans une réforme que seuls certains pays avec certaines ressources et structures sociales ont pu réussir. Si l'agenda est clair et que la démarche se poursuit selon le calendrier fixé, certains aspects semblent toujours problématiques et attisent les critiques d'un nombre d'acteurs socio-économiques. La question de la généralisation de la couverture sociale a été à l'ordre du jour ce jeudi 26 mai 2022 lors du point de presse tenu à l'issue du Conseil du gouvernement. Abordant le sujet, le ministre délégué chargé du Budget, Faouzi Lakjaa s'est félicité des avancées réalisées dans le cadre de la mise en œuvre de ce grand chantier social. A ce jour, le gouvernement a adopté 22 décrets qui ont permis l'intégration de l'ensemble des catégories socio-professionnelles concernées, or les Ramedistes, a indiqué Lakjaa. Il s'agirait ainsi de 2 millions adhérents, soit 8 millions de personnes en comptant leurs ayants-droits. Ce nombre de bénéficiaires représente 70% de l'ensemble des catégories ciblées, selon Lakjaa qui n'a pas manqué de souligner l'importance d'une telle réalisation. Au-delà des considérations politiques Les chiffres attestent, certes, du progrès réalisé en matière de généralisation de la protection sociale, mais ce progrès ne fait pas le satisfecit de tous. Face aux critiques récurrentes et les nombreux doutes, Lakjaa a rappelé qu'il s'agit d'un projet royal dont les grandes lignes et l'agenda ont été fixés par le Roi Mohammed VI lui-même. → Lire aussi : Protection sociale: Bensaid annonce la création d'une fondation dédiée aux artistes Il a par ailleurs souligné qu'il s'agit d'un projet qui protège les droits de 35 millions Marocains en offrant à tous les citoyens, sans exception ni discrimination, la possibilité de bénéficier des « mêmes services, même panier de soins avec les mêmes droits« . Lakjaa est même allé à qualifier le chantier de la généralisation de la couverture sociale de « révolution sociale (...) au-delà des considérations politiques » et qui fait appel à des efforts unis et un travail acharné en toute « abnégation« . Vers un système plus efficace ? Si le gouvernement Akhannouch a pu, en moins d'une année aux commandes, mettre en œuvre cette réforme inspirée d'une vision royale, il galère tout de même toujours à surmonter certains freins, dont le principal est l'intégration des adhérents du RAMED et d'autres programmes sociaux tels que Tayssir. A cet égard, le ministre délégué s'est montré rassurant en soutenant qu'à travers la protection sociale généralisée, le gouvernement tente de mettre en place un seul système unifié qui permet de répondre aux besoins des citoyens de façon cohérente et intégrée. « Nous avons actuellement 100 programmes sociaux qui concernent différentes catégories (...) mais ceux-ci se caractérisent d'une certaine disparité, inefficacité et incapacité de répondre aux attentes et demandes des Marocains« , a souligné Lakjaa. Si la volonté, l'ambition et l'aptitude à passer à l'action ne manquent pas au gouvernement Akhannouch, comme l'a réitéré ce dernier et plusieurs de ses ministres à plusieurs occasion, l'obstacle majeur serait peut-être « l'incompréhension de l'enjeu du chantier titanesque de la réforme du système de santé et que ce chantier nécessite une nouvelle vision, mais surtout un nouveau paradigme, une nouvelle manière de penser la gouvernance du système. Pour cela, il faut des femmes et des hommes qui sont capables de mettre en œuvre ce chantier Royal et il y en a au Maroc« , comme l'affirme l'épidémiologiste et professeur de médecine préventive, Jaâfar Heikal, dans un interview accordée à SNRTnews.