Depuis la tenue de la première édition du Colloque international de Fondafip , association pour la Fondation internationale des finances publiques à Rabat, en mai 2007 , le parterre convié aux rencontres de la TGR ( Trésorerie générale du Royaume) a toujours été et reste « exceptionnel » : cadres de la DGI , de la TGR, responsables politiques, ministres, députés et élus , universitaires, gestionnaires, sociologues, viennent écouter les différents intervenants , avant de nourrir et d'irriguer à leur tour les débats par des compléments en termes d'expériences et d'apports exhaustifs. Les intervenants sont des experts en la matière, ils représentent la technostructure de l'Etat, des Collectivités locales ou des établissements publics, ils sont aussi des acteurs de terrain , des élus, à l'autre bout de la chaine qui témoignent et apportent souvent un contrepoids critique. Regards pluriels internationaux, regards croisés, analyses et décryptages contradictoires. Le grand amphithéâtre de la TGR est « devenu un espace de partage unique sur les problématiques du futur qui concernent les prochaines générations». Sans tabous et sans langue de bois , les colloques internationaux et séminaires thématiques organisés à une cadence régulière ,incarnent selon Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume « une volonté de partage et d'échange qui contribuent à faire murir la réflexion sur nombre de sujets cruciaux qui appellent à un esprit de reformes permanentes pour faire face à l'incertitude et à la complexité » L'objectif est de décrypter les évolutions , de partager, mutualiser les connaissances, le savoir dans un domaine complexe, difficile, en mutation , celui des Finances publiques, portées par la mondialisation et la révolution numérique. Le fondement de ces échanges et rencontres s'inscrit dans un constat partagé : l'expertise vient de l'intelligence collective qui doit appréhender une diversité des terrains…Les Finances publiques, branche du droit public qui étudie le processus de gestion de l'argent de l'Etat , ne sont pas en effet une simple branche « mais un processus évolutif enchevêtré au sein duquel intervient une grande variété de facteurs nationaux et internationaux , et un ensemble complexe qui ne se pilote pas facilement et qui nécessite une démultiplication et un partage de savoirs et une nécessité de réformes permanente ». Les transformations des sociétés contemporaines, constate le président de FONDAFIP , s'inscrivent dans le cadre de l'essor d'une économie cognitive, autrement dit d'une économie par laquelle la connaissance, le savoir, la compétence et la créativité sont essentiels pour répondre aux défis de la complexité . Dès lors, c'est le capital immatériel, facteur stratégique de développement qui constitue le facteur primordial de performance. Ce qui devrait , conclut le président dans son éditorial « l'Etat intelligent et la nouvelle gouvernance des FP », conduire les pouvoirs publics à s'intéresser à un facteur essentiel situé en amont du processus de production .Ce facteur réside dans la qualité du dispositif de recherche et de formation, condition première d'une capacité créatrice. « Il est grand temps, dit-il, d'admettre que les seules techniques de gestion ne sont pas suffisantes pour assurer la soutenabilité des finances et que les compétences et les savoirs sont essentiels ». → Lire aussi : Colloque Fondafip à la TGR: Plaidoyer pour une nouvelle architecture des Finances publiques Un constat partagé et entendu qui aboutit à l'organisation de la représentation permanente de Fondafip-Maroc présidée par Noureddine Bensouda et « sans lequel rien n'aurait été possible selon Michel Bouvier », assisté par une équipe de coordinateurs. Des interfaces privilégiées sont créées avec différents groupes de la finance locale pour la consolidation des comptes publics, le contrôle administratif, de renforcement des institutions politiques, de promotion du patrimoine culturel et des ressources humaines. Au-delà des colloques et de l'accompagnement des étudiants en master de droit public et de gestion ,une politique de formation et de renforcement des capacités des métiers de la FP et de la culture adaptée aux besoins est mise en place. Elle tient compte des recommandations d'une étude sur les conditions d'amélioration des conditions de travail, réalisée par un médecin anthropologue. Cette dynamique vertueuse pourrait servir de modèle aux autres administrations afin de répondre, avec plus d'efficacité, de performances mais aussi d'empathie aux évolutions de plus en plus complexes qui se font jour en interne et à l'international .Les finances publiques, instrument de régulation de l'Etat s'y préparent et veulent être au service de l'économie et de la société en anticipant les évolutions profondes comme celles ,relatives à la décentralisation et l'autonomie financière des territoires qui émergent et revendiquent de plus grandes marges de manouvre . Après le 14ème colloque international qui s'est tenu en novembre dernier portant sur les grands défis des finances publiques du 21ème, le dernier séminaire « L'autonomie fiscale locale et développement territorial : diagnostic et état des lieux » a permis d'embrasser les évolutions des finances publiques depuis le choc pétrolier des années 70 , avec aujourd'hui ,la résurgence de l'Etat fort à la faveur des chocs provoqués par les épidémies, les guerres ou les changements climatiques . Dans certains pays de l'OCDE , on assisterait à une forme de « recentralisation » avec les transferts de l'Etat , alors même que les collectivités locales doivent assumer de nouvelles compétences en l'absence d'autonomie fiscale .Même constat au Maroc avec le décalage entre le discours porteur sur la décentralisation et la réalité qui fait que « le pouvoir territorial demeure dépendant du pouvoir central » comme le souligne le trésorier général dans son intervention . Dans son analyse du temps long Michel Bouvier, professeur à la Sorbonne et président de la Revue française des Finances publiques, fait remarquer que les Finances publiques « sont le noyau dur des pouvoirs politiques et la matrice première de l'organisation de la société .Elles expriment des choix de société et leur organisation , leurs règles influencent la vie des particuliers et des entreprises. Au cœur des grandes questions qui se posent aux sociétés contemporaines, déterminantes pour la démocratie , c'est in fine , la qualité du contrat social qui est posée ». Un contrat social qui doit tenir compte des attentes et besoins de la société, dans un contexte de fragilités, de dégradation des services publics et de défiance du politique, mais également de l'attachement des citoyens à leurs territoires et de l'impératif de démocratie participative.