Après des mois de lutte contre le coronavirus, les infirmiers du monde entier réclament de meilleures conditions de travail. Des actions et des manifestations sont scandées partout pour une revalorisation de leur situation. Au Maroc, le ministre de la Santé Khalid Aït Taleb a promis une augmentation des salaires. La pandémie de coronavirus a mis en lumière la dureté de la vie quotidienne des personnels de santé. Sous-effectifs, salaires médiocres, manque de reconnaissance : la situation extrême dans laquelle se débat le personnel soignant, ces derniers mois, a donné un nouvel élan aux revendications formulées depuis des décennies. Pourtant bien avant la pandémie, le secteur de la Santé était déjà en ébullition, depuis toujours d'ailleurs, et pour cause, ce secteur névralgique manque presque de tout, même si les différents gouvernements qui se sont succédé ont un tant soit peu essayé d'y pallier. Or, pour la santé surtout, il ne s'agit pas d'essayer, il faut le faire. De grandes ambitions pour le secteur Le montant consacré à la santé en 2022 sera de 23,5 milliards de dirhams, selon les prévisions annoncées du budget sectoriel du Projet de loi de Finances de 2022. Selon le projet de loi, le budget consacré au secteur de la santé, dont 6,9 milliards de dirhams dédiés à l'investissement, a augmenté de 3 milliards de dirhams par rapport à celui de 2021. Pour 2022, plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement dont notamment la poursuite du programme de réhabilitation hospitalière, doté d'un budget annuel de 1 milliard de dirhams à l'horizon 2025, pour renforcer les capacités hospitalières en équipements et matériels biomédicaux, en plus de l'institutionnalisation du devoir de respect du parcours de santé, afin de réduire les coûts et améliorer la durée des soins aux patients. Le gouvernement prévoit pour la nouvelle année un renforcement de la gouvernance du système de santé à travers la création de groupements territoriaux de santé à proximité des centres hospitaliers universitaires qui comprendront, au niveau de chaque région, toutes les structures médicales affiliées au ministère. Ainsi, les principales mesures reposent-elles sur le lancement de la construction du nouveau CHU Ibn Sina pour 1,1 milliard de dirhams, la préparation de la mise en place d'une couverture sanitaire globale, notamment à travers la réhabilitation de près de 1 500 centres d'établissements de soins de santé primaires, pour un coût estimé à 500 millions de dirhams. Appel aux médecins et investisseurs étrangers Pour faire face à la grave pénurie de médecins et d'infirmières, le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb a promis une augmentation du salaire du personnel médical. Les hôpitaux marocains font face à une grave pénurie de 32000 médecins et 65 000 infirmières. C'est pourquoi le ministre de la Santé veut compenser le manque de main-d'œuvre et en même temps poursuivre la lutte contre le virus Corona, en augmentant de ce fait les salaires. Sur un autre volet, le ministre souhaite également créer une série d'incitations fiscales pour attirer les médecins et les investisseurs étrangers vers le secteur de la santé. La mesure devrait également inciter les médecins marocains à rester dans le secteur public. Un nouveau projet de Loi a été adopté, en juillet, pour supprimer les restrictions qui empêchent les médecins étrangers d'exercer leur profession au Maroc. Ce projet de loi de finances prévoit une réforme du système de santé, notamment le développement des ressources humaines, en levant les restrictions inscrites dans la loi 131.13, en lien avec l'exercice de la profession de médecin par des étrangers au Maroc, dans les mêmes conditions que les marocains, avec la création d'un service public de santé visant à valoriser le capital humain dans le secteur de la santé. Ces nouvelles règles devraient conduire à l'égalité des chances et de traitement pour les médecins marocains et leurs collègues étrangers. Le projet de loi faisait partie des plans de réforme des soins de santé. Reste « qu'il pourrait s'écouler 25 ans avant que le déficit ne soit comblé », a indiqué le ministre fin décembre. Il y a plus de départs de personnel de santé qu'il n'en est venu chaque année. Près de 7 000 médecins ont quitté le Maroc au cours des 24 derniers mois. Cela représente un tiers du nombre de diplômés des facultés de médecine et de pharmacie. Cela pose également le sempiternel et déplorable problème de « fuite des cerveaux »... La fuite des cerveaux est au cœur des réformes des soins de santé. Par ailleurs, la modernisation des infrastructures de santé et l'achat d'équipements biomédicaux de qualité devraient inciter les professionnels de santé marocains résidant à l'étranger à revenir dans leur pays. Dans l'interview accordée à l'agence Reuters, le ministre a également révélé plus d'informations sur les plans pour commencer à produire des vaccins au niveau national. Selon Ait Taleb, la production démarrera cette année et les vaccins seront dans un premier temps exportés vers les pays africains.