Nous reprenons ci-dessous un article du quotidien français « Le Monde », publié ce mardi 7 septembre, qui de lui-même apporte une révélation de poids sur l'utilisation par la police allemande, l'une des efficaces institutions de l'Allemagne, du système israélien Pegasus. Celui-là même par lequel , l'Allemagne, comme d'autres pays européens, ont cru mettre au cause le Maroc. Mieux, cet article du « Monde » nous révèle une autre contradiction : celle du groupe Forbidden stories, dont ce même quotidien fait partie et dont les accusations, vérité oblige même tardive, décline la machination contre le Maroc et la diabolisation des ses services de sécurité. Voici l'article du « Monde » : « La presse allemande révèle que le principal service de police allemand a conclu un contrat avec NSO Group, sans que l'on sache si le logiciel est encore utilisé. « Le Bundeskriminalamt (BKA), la police fédérale allemande, a acheté en secret le logiciel espion Pegasus, pour la surveillance de suspects, révèlent mardi 7 septembre les quotidiens Zeit et Süddeutsche Zeitung. Malgré les questions que pose l'utilisation de ce logiciel d'un point de vue légal en Allemagne, le BKA a conclu un contrat avec la société israélienne NSO Group, qui commercialise Pegasus, selon plusieurs sources au sein des services de sécurité du pays. Une audition parlementaire à ce sujet doit avoir lieu mardi. « NSO vend Pegasus aux seuls services de police et de renseignement. Une fois installé sur un iPhone ou un Android, le programme permet de surveiller le téléphone en temps réel, d'écouter les conversations, de connaître la géolocalisation de l'appareil, et même d'activer l'appareil photo ou d'enregistrer les archives des messageries. En juillet, un consortium international de médias, comprenant notamment les médias allemands Zeit et Süddeutsche Zeitung, ainsi que Le Monde, avait révélé de multiples utilisations illégales à grande échelle du logiciel. Une liste de 50 000 cibles potentielles du logiciel, consultée par ces médias, avait permis de montrer que de très nombreux avocats, journalistes, et militants des droits de l'homme avaient été espionnés par Pegasus. Une douzaine de chefs d'Etat et de gouvernement figuraient également dans la liste, dont Emmanuel Macron, ainsi que des ministres et diplomates, en France comme dans d'autres pays. → Lire aussi : Pegasus : Comme un tamis, le tissu de mensonges se délite et des trous béants nous révèlent la forfaiture de Forbidden Strories, démontée ici en 5 points « En 2017, le BKA avait assisté à une démonstration des capacités du logiciel espion de NSO à Wiesbaden (Hesse, ouest de l'Allemagne), pour laquelle une délégation de NSO Group était spécialement venue d'Israël. Les services juridiques du BKA et le ministère de l'intérieur allemand s'étaient cependant dits préoccupés par les capacités extrêmement larges offertes par le logiciel espion. Pegasus permet en pratique de prendre complètement le contrôle d'un téléphone ; or une jurisprudence de la Cour constitutionelle fédérale sur les « perquisitions numériques » a décidé que les services d'enquête ne peuvent infiltrer les ordinateurs et téléphones de suspects que dans des cas très spécifiques et n'enregistrer que des éléments limités. Limitations de l'outil « Les enquêteurs allemands ont longtemps été confrontés à des difficultés techniques dans l'usage d'un précédent logiciel utilisé par le BKA. Selon le député (Verts) Konstantin von Notz, ces logiciels n'ont été utilisés dans aucune enquête préliminaire entre 2017 et 2020. Ce maigre bilan aurait convaincu le BKA de cesser de concevoir des outils de surveillance en interne, et de se replier sur l'offre de NSO. Des discussions commerciales ont eu lieu avec l'entreprise à la fin de 2019 ; selon les informations de Zeit, les fonctionnaires de police n'ont accès qu'à une partie seulement des possibilités offertes par Pegasus, celles qui ont été estimées compatibles avec la loi allemande. La manière dont cette conformité à la loi est assurée et contrôlée reste floue, tout comme la question de savoir si Pegasus est encore utilisé aujourd'hui par le BKA. « Ni le service de police fédéral ni le ministère de l'intérieur allemand n'ont souhaité répondre aux questions de la presse allemande sur ce sujet, évoquant des risques pour la sécurité des opérations de police. NSO non plus n'a pas répondu aux sollicitations des médias. Durant l'année écoulée, le gouvernement fédéral s'était vu demander à trois reprises, par des députés comme par des médias, si l'Allemagne était cliente de NSO ; le ministère de l'intérieur avait chaque fois dit ne pas pouvoir apporter de réponse à cette question. En France, la police a, depuis une dizaine d'années, le droit d'utiliser des logiciels espions dans un certain nombre d'enquêtes. Aucun élément ne semble en revanche révéler que les services d'enquête français soient clients de NSO. »