Selon l'hebdomadaire « Jeune Afrique », paraissant à Paris, le patron de l'armée algérienne s'est discrètement rendu dans la capitale française pour discuter de la nouvelle donne sécuritaire au Sahel, après l'annonce de la fin de l'opération Barkhane. Le chef d'état-major de l'armée algérienne Saïd Chengriha se trouve à Paris depuis quelques jours, dans le cadre d'une mission « secrète », selon nos informations. L'objectif de la visite du patron de l'armée algérienne : discuter avec les autorités françaises de la nouvelle donne sécuritaire au Sahel, après l'annonce par le président français Emmanuel Macron de la fin de l'opération Barkhane, ainsi que du rôle que pourrait jouer l'Algérie dans ce contexte. Depuis la réforme constitutionnelle de novembre 2020, le parlement algérien est en mesure de discuter de l'envoi de troupes à l'étranger sur proposition du chef de l'Etat. « LE PRESIDENT ALGERIEN A CONFIRME QUE L'ARMEE NATIONALE POPULAIRE (ANP) S'EST TENUE PRÊTE À INTERVENIR EN LIBYE » La non-intervention hors des frontières nationales était jusqu'alors un dogme de l'armée algérienne. Début juin, lors d'un entretien accordé à la chaîne qatarie Al-Jazira, le président algérien a confirmé que l'armée nationale populaire (ANP) s'est tenue prête à intervenir en Libye lors de l'offensive du maréchal Khalifa Haftar contre la capitale Tripoli, entre 2019 et 2020. En janvier 2020, la présidence algérienne avait indiqué que l'éventuelle prise de la ville par les troupes de Haftar constituait une « ligne rouge à ne pas franchir ». Le maréchal a finalement dû se retirer de la Tripolitaine à l'été 2020 après une série de revers. L'Algérie considère également avec inquiétude l'instabilité au Mali, et a vertement critiqué le versement de rançons aux groupes jihadistes dans le nord du pays, ainsi que la libération de centaines de jihadistes en échange de celle des otages Soumaïla Cissé et Sophie Pétronin. Selon Alger, certains de ces éléments jihadistes ont pénétré le territoire algérien et menacent sa sécurité nationale. Lors d'une interview accordée le 15 juin à la radio RFI, Ammar Belhimer, ministre algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement, a abordé la question de la fin de la mission Barkhane, et constaté « qu'il y a beaucoup plus de menaces qui pèsent sur le Sahel qu'au départ de l'opération ». Il a également évoqué l'approche algérienne de la crise au Sahel : « Est-ce qu'il n'aurait pas fallu consolider les constructions et les entités étatiques locales à l'époque, y compris en apportant du soutien militaire, sécuritaire, logistique à leurs armées, à leurs forces de sécurité (...) ? »