Le consensus des investisseurs financiers au Maroc est « clairement » en faveur d'une stabilité du taux directeur de Bank Al-Maghrib (BAM) lors de la réunion de son conseil prévue le 23 mars. C'est ce que rapporte Attijari Global Research (AGR) précisant, dans son enquête de mars, réalisée auprès d'un échantillon pertinent de 35 investisseurs considérés parmi les plus influents sur le marché boursier marocain, que 88% des investisseurs anticipent un statu quo du taux directeur de BAM au terme de son prochain conseil, contre 63% précédemment. À l'analyse des réponses obtenues par les deux principales catégories d'investisseurs, à savoir les Institutionnels locaux et les Acteurs de Référence (représentent les personnes ayant suffisamment de recul sur le marché financier marocain leur permettant de retranscrire de manière relativement fidèle l'état d'esprit des investisseurs sans pour autant intervenir directement sur le marché Ndlr), les analystes de la filiale d'Attijariwafa Bank dédiée à la recherche, relèvent que la quotepart des institutionnels anticipant une stabilité du taux directeur en mars 2021 affiche une unanimité passant de 57% initialement à 100% actuellement. La quotepart des Acteurs de Référence anticipant un statu quo du taux directeur reflète à son tour une unanimité en mars 202, soit 100% contre 56% précédemment. De son côté, abordant la même question, BMCE Capital Research relève que lors de sa première réunion trimestrielle de l'année 2021, prévue le 23 mars courant, Bank Al-Maghrib (BAM), devrait, selon toute vraisemblance, renouveler en l'état son dispositif d'intervention au niveau du marché monétaire. Le taux directeur et la réserve obligatoire devraient ainsi se stabiliser à 1,5% et 0% respectivement. Cette décision se justifie largement au regard de l'impact positif des mesures prises entre 2019 et 2020, particulièrement les deux baisses de -75 pbs du taux directeur, sur l'économie réelle via le mécanisme de transmission des crédits et sur l'amélioration des conditions du financement du Trésor. La maîtrise de l'inflation à un niveau bas corrobore aussi cette hypothèse de statu-quo. Et BMCE CR d'ajouter que les crédits distribués à l'économie en 2020 ont été associés à des taux débiteurs qui se sont inscrit en retrait de -49 pbs en 2020 à 4,42% (et même 4,34% au T3), traduisant la baisse du taux des crédits de trésorerie de -58 pbs, des crédits d'équipements de -40 pbs, des crédits immobiliers de -43 pbs et des crédits à la consommation de -26 pbs. Cette évolution des taux montre que c'est principalement le coût de financement de la trésorerie des entreprises qui a profité le plus de cette tendance baissière, fruit notamment des crédits garantis par l'Etat dans le cadre des produits Damane Oxygene et Damane Relance dont le taux a été fixé à 3,5% et dont le volume accordé a atteint près de 50 MMDH à fin 2020. Toutefois, il y a lieu de signaler une remontée observée des taux entre le T4 et le T3 2020, ce qui peut s'expliquer principalement par l'effet mécanique de la montée du risque de crédit en raison de la crise sanitaire qui a altéré la solvabilité des ménages et des entreprises. La dégradation en 2020 de +14,5% de l'encours des créances en souffrance pour la première fois à plus de 80 MMDH l'atteste. Par ailleurs, en 2020, le coût de financement du Trésor s'est nettement amélioré avec des baisses des taux obligataires allant de -3 pbs à -67 pbs, ce qui a permis à l'Argentier du Royaume de répondre à ses besoins au niveau du marché interne sans difficulté. Evolution qui, aujourd'hui, semble se stabiliser. L'inflation, quant à elle, reste largement sous contrôle avec une légère hausse en 2020 de +0,7%. Elle devrait se stabiliser à ce niveau en 2021 conformément aux projections initiales de BAM, ce qui reflète l'absence de pressions inflationnistes d'origine monétaire.