Un collectif d'organisations de défenses des droits de l'Homme en Algérie a dénoncé une répression du Hirak qui « fait réapparaitre au grand jour la réalité de la torture » dans le pays. « Les conditions d'arrestation et d'incarcération des détenus d'opinion, rapportées par les avocats confirment des cas de maltraitance, de violence et de torture dans différentes structures de police et services de sécurité ainsi que dans les prisons », explique le Comité contre la torture, créé dans la foulée des révélations faites devant la chambre criminelle près la cour d'Alger par le jeune Walid Nekkiche. Comprenant le comité National de Libération des Détenus, la coordination Nationale des Universitaires Algériens pour le Changement et des membres du collectif des Avocats de la défense des détenus d'opinion, le comité à, dans une déclaration rendue publique, a appelé les autorités algériennes à mettre un terme à la torture et l'utilisation de la justice comme instrument de répression. Des cellules infamantes, des « déportations » de détenus par des mesures d'acharnement disciplinaires et répressives, des pressions psychologiques insupportables, voilà le lot des détenus d'opinion en Algérie depuis 2019, ont déploré les membres du comité. Dans ce sens, ils ont rappelé le détenu Kamel-Eddine Fekhar, décédé par « négligence programmée » et ceux dont l'état de santé s'est sérieusement dégradé pendant et après incarcération. L'opinion publique doit savoir et tout savoir, insistent-ils, relevant que l'Algérie d'aujourd'hui et de demain doit bannir la torture. « Depuis l'indépendance jusqu'à aujourd'hui, la torture salit notre histoire et l'impunité des tortionnaires est couverte par le pouvoir politique, la justice, l'Etat et ses appareils », regrettent-ils. De Bachir Hadj Ali à Nekiche, plus d'un demi-siècle où la torture continue de sévir, font-ils savoir. « Quelle différence entre l'Etat colonial qui torture les Algériens en lutte pour leur indépendance et l'Etat algérien indépendant qui torture ses citoyens pour délit d'opinion ? », se demandent les auteurs de cette déclaration. « Nous refusons de nous taire. Nous refusons la torture, l'arbitraire et l'omnipotence d'un Etat autoritaire et répressif », a insisté cette déclaration. Elle souligne que l'Etat de droit, les libertés individuelles et collectives, la démocratie et les attentes sociales des Algériens ne peuvent être occultées par la répression et la peur. Selon ce document, l'Algérie revendiquée par le Hirak est une Algérie libre où la souveraineté populaire doit se substituer à la gestion sécuritaire qui ouvre la voie, aujourd'hui à tous les dépassements. Elle souligne que les lieux de torture comme la « caserne Antar » doivent être bannis, disant vouloir « une justice indépendante érigée en rempart protecteur d'une Algérie démocratique ». Les membres du comité ont de même appelé à mettre un terme à la torture et « aux conditions carcérales inhumaines des détenus en Algérie ». « Nous voulons en finir avec la torture et l'impunité des tortionnaires protégés et enfouis dans les appareils d'Etat », ont-ils fait savoir Dans ce sens, ils ont exprimé la détermination à faire « tout pour libérer la parole des victimes, identifier les auteurs des tortures et mettre à la disposition de l'opinion publique faits et documents qui pourront éveiller les consciences et en finir avec la fabrique étatique de la torture, toutes formes confondues. « Les sévices physiques, psychologiques et sexuels subis par Walid Nekiche infligés par des services de sécurité après son arrestation le 26 novembre 2019 est un acte d'une extrême gravité qu'on ne peut pas laisser passer », lancent-ils. En révélant ces sévices, devant les magistrats, Walid Nekiche a brisé le mur de l'omerta, ont-ils noté, relevant que ce jeune étudiant a été d'un courage exemplaire, qui fera date dans l'histoire des luttes en Algérie. Selon la déclaration, le choc est réel au sein de l'opinion publique et l'enquête préliminaire du parquet ne doit pas être un énième subterfuge pour calmer la colère et l'indignation nationale et internationale. Il faut que justice soit rendue sur ce qu'a subi Walid Nekiche pendant 6 jours à la « caserne Antar » à Alger et que ses tortionnaires soient identifiés et jugés, insiste-t-elle.