Connue surtout pour son rôle de garant, la Caisse centrale de garantie s'est petit à petit diversifiée afin de participer au cofinancement d'autres pans de l'économie comme celui de l'innovation et des startups. Un rôle qui lui réussit et qui lui a ouvert l'appétit à d'autres activités. C'est en ce sens que la nouvelle réforme de la CCG portée par la Loi de finances rectificative permettra à l'organisme de mobiliser de nouveaux instruments hybrides de financement et d'investissement. Dans un entretien accordé à MAROC DIPLOMATIQUE, Hicham Zanati Serghini, Directeur général de la CCG, revient avec nous sur le rôle de la Caisse en période de Covid et son avenir. Maroc Diplomatique: Le rôle de la CCG était déjà important avant la crise et s'est vu renforcé par la suite. Concrètement, comment fonctionne la Caisse et à quels niveaux intervenez-vous ? – Hicham Zanati Serghini: Bien avant la crise sanitaire du Covid-19, la Caisse Centrale de Garantie (CCG) s'est, de tout temps, mobilisée pour offrir son appui aux TPME marocaines et améliorer leur inclusion financière et ce, à travers une offre-produits riche et diversifiée qui répond aux différents besoins exprimés par l'entreprise tout au long de son cycle de vie : création, développement, exploitation, export, restructuration et transmission. Depuis sa création, il y a plus 70 ans, la CCG et à travers l'ensemble de ses partenaires, prête main forte aux entreprises marocaines pour les aider à concrétiser leurs projets. Nous avons pu construire, au fil des années et aux côtés de différents acteurs de financement (banques, sociétés de leasing, fonds de capital risque, ...), une institution de référence dans le domaine de la garantie, du cofinancement, et plus récemment du financement du haut du bilan et de l'innovation. A ce propos, la CCG s'est en effet engagée, à travers son offre « Innov Invest », à prêter main forte aux startups et porteurs de projets innovants à fort potentiel de développement. Cette offre est venue combler le déficit de financement de cette catégorie d'entreprises qui représentent un des leviers de développement du tissu économique marocain. Et puis n'oublions pas un autre domaine d'activité tout aussi stratégique, développé par la CCG, et consacré au financement de l'accession à la propriété en faveur des classes moyennes et des publics à revenus modestes ou non réguliers. La CCG intervient également en faveur d'étudiants de l'enseignement supérieur privé en couvrant de sa garantie les prêts bancaires destinés à financer leur scolarité. MD : Pouvez-vous nous dresser un bilan des actions menées par la CCG dans le cadre des deux dispositifs Damane oxygène ? – HZ : Le plus grand challenge aujourd'hui est de favoriser la reprise des affaires pour les entreprises marocaines. Depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19, et tout au long de ces mois de baisse de régime, notre souci premier était de soutenir les entreprises et de les accompagner lors de ce passage à vide. Très rapidement, et dans le cadre de la mise en œuvre des mesures décidées par le Comité de Veille Economique (CVE), la CCG a tout d'abord déployé le mécanisme de garantie « DAMANE OXYGENE ». Ce mécanisme de garantie exceptionnel visait la mobilisation des ressources de financement en faveur des TPME dont la trésorerie s'est dégradée à cause de la baisse de leur activité. « Damane Oxygène » permettait de couvrir 95% du montant du crédit, ce qui a permit aux banques de mettre en place rapidement des découverts exceptionnels pour financer le besoin en fonds de roulement des entreprises cibles. Sans sûretés exigées, les crédits garantis « Damane Oxygène » étaient principalement destinés à faire face aux charges courantes, avec un montant pouvant atteindre 20 millions de dirhams. Au 20 juillet dernier, ce ne sont pas moins de 47.315 entreprises qui ont pu bénéficier de l'offre « Damane Oxygène » pour un volume crédit de plus de 17 milliards de dirhams. Il serait opportun de préciser que 88% des entreprises bénéficiaires étaient de Très Petites Entreprises (TPE), dont le chiffre d'affaires ne dépasse pas 10 millions de dirhams. En termes de répartition des crédits garantis selon les secteurs d'activité, « Damane Oxygène » a principalement profité aux secteurs de l'industrie (27%), suivi du secteur du commerce (24%) et du BTP (16%). MD : Quid du produit « Damane Relance » ? – HZ : A partir de la mi-juin, la CCG a ensuite mis en place deux nouveaux mécanismes de garantie, à savoir « Relance TPE » et « Damane Relance », afin d'assurer la reprise post Covid pour les TPE, PME et grandes entreprises. En effet, le produit « Relance TPE » est conçu en faveur des très petites entreprises (TPE), y compris les commerçants, artisans, coopératives et professions libérales. Il est destiné à garantir, à hauteur de 95%, les prêts des entreprises réalisant un chiffre d'affaires ne dépassant pas 10 millions de dirhams. Sans sûretés exigées, cette ligne de financement est plafonnée à 10% du chiffre d'affaires avec un minimum de 10.000 dirhams. Pour sa part, le produit « Damane Relance » sera déployé en faveur des petites, moyennes et grandes entreprises réalisant un chiffre d'affaires supérieur à 10 millions de dirhams. Le montant du crédit garanti est fixé à 1,5 mois de chiffre d'affaires pour les entreprises du secteur industriel et à 1 mois de chiffre d'affaires pour les entreprises relevant des autres secteurs. L'objectif de ces deux mécanismes est de permettre aux entreprises un retour progressif à une activité normale. Au 20 juillet dernier, ce sont plus de 7.000 entreprises qui ont pu bénéficier de l'offre « Relance » pour un volume crédit de 9,7 milliards de dirhams. MD : La réflexion est menée afin de penser à de nouveaux mécanismes de participation en fonds propres. Que pensez-vous de cette alternative en sachant que le nouveau statut d'entreprise publique pourra le faciliter ? – HZ : Le nouveau statut de la CCG vient accompagner la montée en puissance des interventions de cette institution qui occupe aujourd'hui une place importante dans l'écosystème du financement des entreprises au Maroc. Ce changement de statut permettra à la CCG de développer davantage les synergies entre les métiers du financement et de l'investissement dans l'objectif premier est la réduction de la faille de marché. De plus, le nouveau statut va permettre de mobiliser de façon rapide et dynamique des instruments hybrides qui permettraient de lever les freins de la sous-capitalisation qui pénalisent de nombreuses entreprises à fort potentiel ou qui développent des projets innovants.