La justice algérienne a requis, lundi, cinq ans de prison ferme à l'encontre de 14 personnes interpellées vendredi à Tizi Ouzou (100 km d'Alger) après une manifestation du mouvement de contestation anti-régime « Hirak », a annoncé le Collectif de défense des accusés. En garde à vue depuis vendredi, ces 14 manifestants sont accusés d' »attroupement non armé », « outrage à corps constitué » et « destruction des biens d'autrui », a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). En réaction, Me Aissa Rahmoune, membre du Collectif a déclaré que « le régime s'entête et continue la répression contre des manifestants pacifiques », déplorant la vague de répression qui s'abat sur des militants du « Hirak », des opposants politiques, des journalistes ou encore de simples blogueurs. « Ce n'est pas par le recours à ce genre de justice, qui n'est ni libre ni indépendante, que le règlement de la crise politique verra le jour », a estimé Me Rahmoune. Par ailleurs, la militante algérienne Amira Bouraoui, célèbre activiste du mouvement de contestation anti-régime, a été condamnée, dimanche, à un an de prison ferme, a annoncé son avocat Me Mustapha Bouchachi. Dans une déclaration à la presse, Me Bouchachi a qualifié d' »injustifiée » cette condamnation, précisant que le Parquet avait requis 18 mois de prison ferme contre cette militante. « Ce genre de poursuites judiciaires qui dure depuis des mois ne peut apaiser les esprits politiquement parlant. Ce n'est pas la meilleure façon de s'ouvrir vers la société, vers les militants et la révolution pacifique », a-t-il déploré. Plusieurs ONG ont dénoncé la multiplication ces derniers jours par la justice algérienne des poursuites judiciaires et des condamnations de militants du « Hirak », d'opposants politiques, de journalistes et de blogueurs, le pouvoir cherchant à enrayer le retour de la contestation au moment où s'amorce le dé-confinement.