Energie, savoir-faire et passion sont les ingrédients de la recette magique qui a permis à Amina Benkhadra, l'actuelle directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), de s'imposer dans un secteur masculin et technique. « J'ai très vite compris que pour être acceptée dans un secteur plutôt technique et masculin, il fallait montrer ses capacités à faire et bien faire », a indiqué l'ancienne ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement dans une déclaration à la MAP. Son savoir-faire n'est pas le fruit du hasard, mais c'est plutôt le couronnement d'une formation académique solide qu'elle a choisie de plein gré, sans intervention aucune des parents et qu'elle n'a cessé de diversifier au fil du temps. Ingénieur civil des mines de l'Ecole nationale supérieure des mines de Nancy en 1978, puis docteur ingénieur en sciences et techniques minières (ENSM Paris), elle a aussi suivi une formation en management à l'Université de Columbia (1990). « Il s'agit d'un choix personnel, dicté par mon intérêt pour les matières scientifiques. C'est ce qui m'a poussé à choisir, après le baccalauréat, les classes préparatoires et à accéder à une école d'ingénieurs », nous confie cette dame autonome, connue pour son travail laborieux et son énergie débordante qu'elle dépense discrètement. Son savoir-faire a été aiguisé par une expérience professionnelle riche et évolutive où elle a fait ses preuves grâce à sa « passion, curiosité et volonté de surmonter les obstacles ». Sa carrière a débuté en 1982 au Bureau de recherche et de participation minière (BRPM), où elle a occupé plusieurs postes de responsabilité dans la faisabilité de projets miniers et la gestion du portefeuille de plus de 30 filiales de ce bureau. En 1994, elle a été nommée directrice des mines au sein du ministère de l'Energie et des Mines et, en 1997, secrétaire d'Etat chargée du Développement du secteur minier, poste qu'elle a occupé pendant une année. Une année après, cette responsable efficace et discrète a été désignée directrice du BRPM, puis directrice générale de l'Office national de recherches et d'exploitations pétrolières (ONAREP), avant qu'elle ne soit nommée directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) en novembre 2003. Mme Benkhadra doit sa réussite professionnelle à plusieurs qualités, dont la valeur du travail, la rigueur et la volonté, et au soutien moral de certaines personnes, libérées de tout préjugé ou stéréotype sur la compétence de la femme. « A deux étapes de mon parcours professionnel, j'ai croisé des personnes qui avaient confiance dans la capacité des femmes et qui ont cru en moi en me confiant des responsabilités progressives. La plus importante étape est, bien sûr, ma nomination par Sa Majesté le Roi que Dieu l'Assiste en tant que ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement en 2007 », nous révèle cette dame élégante dont les réponses sont généralement télégraphiques et courtoises. « Sa Majesté a fait avancer le statut de la femme dans la société marocaine et a promu son accès aux hautes fonctions », dit celle qui peut s'enorgueillir d'avoir conduit les nouvelles stratégies de l'énergie, de l'eau et de l'environnement. Contrairement à un grand nombre de femmes qui se voient lésées dans leur milieu professionnel et se plaignent des complots montés par leurs collègues et supérieurs du sexe masculin, Mme Benkhadra trouve que les difficultés rencontrées « ne sont pas spécialement dues au sexisme » et assure que ses relations avec les hommes sont « des relations de partenariat et de complémentarité ». La silhouette fine et élancée, le visage long et mince, les yeux cachés derrière des lunettes assorties et les poches apparentes sont des signes qui prouvent que l'on est face à une dame qui travaille sans lâche et qui trahissent en même temps son goût pour la lecture, l'art et le sport. Ce n'est pas une simple coïncidence, donc, si Mme Benkhadra est vice-présidente de l'association Chœur National du Maroc qui œuvre pour la promotion de la musique et chant classiques. Tous ceux qui l'ont côtoyée reconnaissent en elle une femme d'action sobre qui, différemment de ses pairs, n'éprouve aucun plaisir d'apparaître ni de recourir à la langue de bois. En dépit de son agenda trop chargé, Mme Benkhadra, qui est aussi active dans le domaine associatif, répond souvent présente aux invitations des jeunes, que ce soit dans un cadre académique ou associatif. « C'est une responsabilité que de contribuer à l'échange avec les jeunes, de participer à leurs manifestations et de partager nos expériences pour les motiver et les accompagner », affirme celle qui croit ardemment en l'écoute et au partage. Ce n'est pas par hasard donc si Madame Benkhadra a mérité plusieurs distinctions aux niveaux national et international, à savoir Wissam Al Arch de l'Ordre des Officiers, le prix de l'Organisation arabo-européenne de l'environnement et la légion d'honneur de la République française. Toutes ces responsabilités et activités ne sont pas perçues comme un lourd fardeau par cette optimiste qui adore la couleur bleue. Pour elle, le travail, « c'est un devoir et un plaisir. On ne fait bien que ce que l'on fait avec passion ». Et à ceux qui lui reprochent sa discrétion, elle répond fermement : « C'est ma nature et mon caractère.... A chacun son style », s'obstinant à travailler avec acharnement et laissant ses réalisations s'exprimer à sa place, à l'image du lys, sa fleur préférée, dont l'odeur enivrante et le statut majestueux ont inspiré nombre d'artistes et écrivains comme Honoré de Balzac dans son roman « Le lys dans la vallée ».