La tension est montée d'un cran samedi après la multiplication des manifestations de protestation et des violences suite à la mort d'un afro-américain lors de son interpellation par des policiers lundi dernier à Minneapolis, conduisant plusieurs gouverneurs à demander le déploiement de la Garde nationale et à décréter des couvre-feux nocturnes dans plusieurs villes. Au Minnesota, le gouverneur démocrate Tim Walz, a annoncé qu'il mobilisait « pleinement » la Garde nationale pour aider à contrôler les troubles violents dans les villes jumelles Minneapolis et Saint-Paul qui ont suivi les manifestations pacifiques contre la mort de George Floyd. C'est la première qu'une telle mesure soit prise dans l'histoire de cet Etat du Midwest. La Garde nationale a également été activée dans des villes de Géorgie, du Kentucky, du Wisconsin, du Colorado et de l'Ohio et le District de Columbia après que les manifestations se sont intensifiées vendredi soir. Alors que les troubles se propagent dans les villes américaines, de plus en plus de maires adoptent des couvre-feux nocturnes pour essayer de garder les manifestants hors des rues, notamment à Atlanta, Louisville, Denver et Milwaukee. Les autorités locales dans tout le pays se préparent à une nouvelle nuit de troubles accrus après que des affrontements ont éclaté samedi entre des manifestants et la police dans des dizaines de villes. Des tensions ont éclaté dans les villes de Philadelphie, Pittsburgh, Columbia (Caroline du Sud), Los Angeles, Chicago et New York alors que des milliers de personnes se sont rassemblées pour protester contre la mort de Floyd. Des voitures de police ont été incendiées, des autoroutes bloquées, des fenêtres brisées et les autorités ont déployé des gaz lacrymogènes et même des balles en caoutchouc. Seattle (Nord-ouest) a appelé 200 membres de la Garde nationale, qui ne devaient pas être armés. Los Angeles a établi un couvre-feu mais a résisté à l'utilisation de la Garde nationale, le maire Eric Garcetti ne voulant pas évoquer les souvenirs des émeutes de Rodney King en 1992. « Si vous aimez la ville, rentrez chez vous », a-t-il plaidé auprès des manifestants. Dans la capitale fédérale, Washington, D.C., des manifestants se sont affrontés avec les services secrets après être passés au travers d'une clôture près de la Maison Blanche. À Chicago, des manifestants ont envahi la Trump Tower. À Philadelphie, des manifestants ont fait irruption dans un magasin près de l'hôtel de ville et ont mis le feu à l'intérieur, ont tenté de démolir la statue d'un ancien maire et ont bravé le couvre-feu qui était entré en vigueur à 20 heures. Au plan fédéral, le Pentagone a exprimé sa disposition à fournir une aide militaire aux autorités qui tentaient de contenir les troubles à Minneapolis, mais le gouverneur du Minnesota Tim Walz n'a pas demandé de troupes fédérales. Jonathan Rath Hoffman, porte-parole du Pentagone, a déclaré que plusieurs unités militaires ont été placées en état d'alerte plus élevée « comme mesure de planification prudente » au cas où Walz demanderait de l'aide. M. Hoffman a précisé dans un communiqué que le secrétaire à la Défense Mark Esper et le chef d'Etat-major de l'armée Mark Milley, avaient parlé à Walz deux fois vendredi et « ont exprimé la disposition à fournir un soutien aux autorités locales et nationales, en cas de besoin ». À Washington, le président Trump a déclaré que les responsables du Minnesota devaient être plus sévères, citant la police qui s'était retirée d'un poste de police avant qu'il ne soit brûlé jeudi soir. Il a établi une distinction entre l'utilisation des forces en service actif et la Garde nationale. « Nous avons nos militaires prêts, disposés et capables, s'ils veulent appeler nos militaires », a déclaré Trump. « Et nous pouvons avoir des troupes sur le terrain très rapidement si jamais ils veulent nos militaires ». Trump a également tweeté: « Traverser les frontières des Etats pour inciter à la violence est un CRIME FEDERAL! Les gouverneurs et maires libéraux doivent être BEAUCOUP plus durs, sinon le gouvernement fédéral interviendra et fera ce qui doit être fait, ce qui comprend l'utilisation du pouvoir illimité de nos militaires et de nombreuses arrestations ». Le président a également menacé, sur Twitter, les protestataires devant la Maison Blanche avec des « chiens vicieux » et des « armes les plus inquiétantes » s'ils violaient la clôture du bâtiment. Réagissant à ces déclarations, la mairesse démocrate du District de Columbia (Washington DC.) Muriel Bowser, a qualifié de « grossiers » les propos de Trump, affirmant que la référence aux chiens évoque les pires souvenirs de la lutte de la nation contre la ségrégation. « J'appelle notre ville et notre nation à faire preuve de retenue, de grande retenue alors même que le président essaie de nous diviser. J'ai l'impression que ces commentaires sont une attaque contre l'humanité, une attaque contre l'Amérique noire, et ils rendent ma ville moins sûre », a-t-elle déclaré.