La tension est montée samedi d'un cran en ce cinquième jour de protestations, aux Etats-Unis. Le pays a été le théâtre de manifestations organisées en réaction à la mort de l'Afro-américain George Floyd (46 ans) mort entre les mains de la police à Minneapolis lundi. Plusieurs villes américaines, sous haute tension, ont imposé samedi des mesures exceptionnelles comme le couvre-feu ou le déploiement de militaires (Garde Nationale) pour tenter d'empêcher les troubles liées à la mort de George Floyd de dégénérer à nouveau. Des manifestations parfois empruntes de violences se sont déroulées dans plusieurs grandes villes américaines à New York, Dallas, Houston, ville d'origine de la victime, Las Vegas, Los Angeles, Des Moines, Memphis et Portland, Chicago, Philadelphie, Atlanta, Miami y compris à Washington sous les fenêtres de la Maison Blanche. Certaines d'entre elles ont donné lieu à des affrontements entre manifestants et policiers et à des actes de vandalisme, notamment à Chicago, à Los Angeles et à New York, où des véhicules de patrouille ont été incendiés et des commerces endommagés. Le maire de Los Angeles à l'instar de ses homologues de Minneapolis et de Philadelphie, entre autres, a imposé un couvre-feu de 20 h samedi à 5 h ce dimanche matin. À Minneapolis, un nombre impressionnant de policiers en tenue antiémeute ont commencé à disperser des centaines de manifestants à coups de bombes de gaz lacrymogène et de fumigènes environ 40 minutes après le début du couvre-feu. Ils étaient appuyés par des soldats de la Garde nationale. A New York, plus de 200 personnes ont été arrêtées après de violents incidents ayant fait plusieurs blessés au sein des forces de l'ordre. A Atlanta, des véhicules de patrouille de la police ont été brûlés. A Los Angeles, cinq policiers ont été blessés et plusieurs centaines de personnes arrêtées lorsqu'une manifestation pacifique a dégénéré, avec, là aussi, des commerces incendiés et des pillages. Donald Trump, égal à lui-même, a ajouté de l'huile dans le feu, il a critiqué la façon dont les responsables de l'Etat et de la ville du Midwest, Minneapolis, avaient géré les manifestations sur leur territoire au cours des quatre journées précédentes. « Il faut qu'ils soient plus durs », a déclaré le président sur la pelouse de la Maison-Blanche avant de s'envoler pour la Floride, où il a assisté au lancement de la fusée de SpaceX. Le président a attribué à des groupes d'extrême gauche la responsabilité des violences survenues, mettant en cause le mouvement Antifa, qui emploie souvent la violence pour lutter contre les groupes d'extrême droite. « La mémoire de George Floyd est déshonorée par les émeutiers, les pilleurs et les anarchistes », a déclaré Donald Trump au cap Canaveral, site du lancement de la fusée de SpaceX. « La violence et le vandalisme sont orchestrés par Antifa et d'autres groupes radicaux d'extrême gauche qui terrorisent les innocents, détruisent les emplois, fragilisent les commerces et incendient des immeubles. » D'un ton autoritaire, le président a promis que son administration mettrait fin de « façon nette » à cette « violence collective », qui a fait deux morts vendredi, l'un à Detroit, au Michigan, l'autre à Oakland, en Californie. Contrairement à Donald Trump, les responsables du Minnesota n'ont pas imputé aux groupes de l'extrême gauche la responsabilité des violences des derniers jours à Minneapolis. Le gouverneur Tim Walz a estimé que 80 % des personnes arrêtées vendredi à Minneapolis et à Saint Paul, ville voisine, provenaient d'autres Etats que le sien. Le chef du département de la Sécurité publique du Minnesota, John Harrington, a précisé de son côté qu'environ 40 des personnes arrêtées appartenaient à des groupes suprématistes blancs ou au crime organisé qui avaient utilisé les réseaux sociaux et le « dark web » pour organiser les violences qui ont contribué aux pillages et aux incendies criminels.