Les Britanniques se rendront, demain jeudi, aux urnes pour décider de leur avenir économique et trancher dans ce dossier houleux du Brexit, ayant plongé le pays dans sa pire crise politique en temps modernes. Convoquées par le Premier ministre Boris Johnson suite à la situation de blocage survenue à Westminster à cause du report de la sortie du Royaume-Uni jusqu'au 31 janvier 2020, ces élections générales devraient renouveler pour cinq ans les 650 membres de la Chambre des communes. Alors que le résultat de ce scrutin- le troisième en quatre ans, s'annonce serré, vu que l'écart entre les deux partis majeurs se situe dans la marge d'erreur, le gouvernement espère remporter une majorité qui permettrait de soutenir ses plans de sortie de l'Union européenne, après plus de trois années de retard (depuis le référendum de juin 2016). Les données de l'institut YouGov montrent une régression du parti conservateur dans les sondages avec 339 sièges, soit une majorité de 28, alors qu'il était donné gagnant avec une majorité confortable de 68 sièges, sur 650 sièges à pouvoir. Le résultat demeure aussi incertain au vu des nombreuses circonscriptions, qui sont à la fois hostiles au maintien dans l'Union européenne et à la politique d'austérité entreprise par les conservateurs au fil d'une décennie entière. Pour augmenter ses chances lors des derniers jours de la campagne électorale, le Premier ministre et chef du parti conservateur Boris Johnson n'a pas cesser de mettre en garde contre le risque d'une nouvelle « paralysie » du Brexit en cas de victoire du Labour. Le dirigeant conservateur qui a d'ailleurs axé toute sa campagne autour du Brexit, avait promis un « cadeau de Noël anticipé » aux Britanniques en annonçant qu'il compte soumettre à nouveau le projet de loi de retrait de l'UE devant les députés avant la période des fêtes. Il a également promis de « rendre les rues plus sûres » en recrutant 20.000 policiers et d'augmenter de 34 milliards de livres le budget dédié au service national de santé publique (NHS), grand thème de la campagne électorale après le Brexit, tout en annonçant qu'il compte recruter 50.000 infirmiers ainsi que 6.000 médecins et 6.000 autres professionnels de santé. Le chef du parti conservateur, qui a aussi placé l'éducation au cœur de sa campagne en prévoyant d'importants investissements dans les écoles, prévoit d'appliquer une taxe supplémentaire de 3% lors de l'achat d'un bien immobilier par des propriétaires dont la résidence fiscale n'est pas localisée au Royaume-Uni. De son côté, le parti travailliste qui devrait être élu dans 231 circonscriptions, soit 31 de moins qu'en 2017, prévoit une vaste politique de nationalisation, après une décennie d'austérité sous les gouvernements conservateurs successifs, à la suite de la crise financière de 2008. Cette principale formation de l'opposition a ainsi avancé une série de promesses « très ambitieuses », dont une baisse des taxes immobilières pour les entreprises et un réseau internet haut débit gratuit à tous les ménages et entreprises britanniques, tout en consacrant un budget annuel de 55 milliards de livres sterling supplémentaires pour réformer les écoles, les hôpitaux et d'autres infrastructures publiques. En plus de la position des électeurs vis à vis du Brexit, la participation des jeunes pourrait être aussi un facteur décisif lors de ces élections. Alors que certains n'avaient pas l'âge requis pour voter lors du référendum de 2016, ceux d'aujourd'hui qui ont vécu l'interminable saga du Brexit, s'avèrent plus favorables au parti travailliste et au maintien du Royaume Uni dans l'Union européenne. Selon YouGov, les personnes plus âgées ont tendance à voter en faveur du parti conservateur, tandis que les plus jeunes semblent plus du côté du Labour. Toutefois, les courbes d'intentions de vote se croisent à l'âge de 47 ans. Ces projections qui réduisent considérablement l'écart entre les conservateurs et les travaillistes n'excluent « absolument pas la possibilité d'un parlement sans majorité » en raison de la marge d'erreur, selon un communiqué de cet institut international de sondages basé au Royaume Uni. Après les deux partis majoritaires, viennent les plus petites formations représentées à la Chambre des communes, avec en premier lieu le Parti nationaliste écossais (SNP) crédité de 41 sièges, avec 6 nouveaux sièges gagnés au détriment des conservateurs et des travaillistes. Les Libéraux démocrates, parti centriste à centre gauche largement influencé par le social-libéralisme et social-démocrate et connu pour sa position europhile, ont seulement une chance de remporter trois sièges, pour se hisser à un total de 15 députés au parlement, alors que le parti nationaliste gallois « Plaid Cymru », gagnerait 4 sièges, suivi des Verts avec un seul siège à pouvoir.