Au lendemain d'un 14ème samedi consécutif de manifestations marqué par la poursuite de la baisse de la mobilisation, des «Gilets jaunes» ont défilé, dimanche, à Paris, trois mois jour pour jour après le début de ce mouvement initié sur les réseaux sociaux pour protester contre la politique fiscale et sociale du gouvernement. Au milieu d'un important dispositif policier, des centaines de manifestants – entre 1000 et 2000 selon les estimations -ont emprunté la mythique avenue des Champs-Elysées pour se diriger, sur un peu plus de deux kilomètres, vers le Champ-de-mars, destination finale de cette manifestation déclarée en préfecture. Les manifestants, qui défilaient pour la première fois un dimanche, brandissaient des banderoles appelant notamment à la mise en place d'un référendum d'initiative citoyenne (RIC) tout en entonnant un «joyeux anniversaire» pour marquer les trois mois de vie du mouvement. La mobilisation des «Gilets jaunes» a encore fléchi, samedi, au vu des chiffres publiés par le ministère français de l'intérieur, faisant état d'un total de 41.500 manifestants dans toute la France contre 51.400, la semaine dernière. La baisse relevée durant cet acte XIV de la mobilisation des «Gilets jaunes» s'inscrit, du reste, dans le sillage des baisses successives déjà enregistrées : 58.600, une semaine auparavant, 69.000 lors des deux précédentes semaines et 84.000, les 19 et 12 janvier. Des chiffres qui sont sans commune mesure avec les 282.700 manifestants mobilisés durant l'acte I de la protestation, le 17 novembre dernier. Les manifestations de samedi se sont déroulées sans incidents majeurs à Paris, traditionnelle place forte de la contestation, où près de 5000 personnes sont descendues dans les rues. Quelque 23 manifestants ont été toutefois interpellés à la suite de heurts et d'actes de violence dont, généralement, des casseurs issus de groupes extrémistes étaient à l'origine. → Lire aussi : "Gilets jaunes" : nouvelle baisse de la mobilisation La même ambiance a régné dans d'autres villes, notamment à Nantes, Lille, Caen, Grenoble, Strasbourg, Rennes, Nice, Marseille et Rouen. Dans cette dernière ville cependant, trois personnes ont été blessées lorsqu'un automobiliste, pris de panique, a tenté de forcer le passage parmi les manifestants. Les manifestations ont été également marquées par des heurts à Toulouse et Bordeaux, deux autres places fortes de la contestation, alors qu'à Lyon, une violente attaque d'un fourgon de police, filmée depuis le véhicule, a été vivement condamnée par les autorités françaises. Pour répondre ne serait-ce qu'en partie aux revendications des «Gilets jaunes», le gouvernement français avait annoncé des mesures sociales d'un coût évalué à 10 milliards d'euros et lancé un «Grand débat national» autour des principales questions sujettes à la contestation sociale. Mais les «Gilets jaunes» ne semblent pas être enclins à arrêter leur mobilisation. Dans ce contexte, une majorité de Français (52%) estime que les partisans de ce mouvement «doivent maintenant cesser leur mouvement et leurs actions», selon un sondage Ifop réalisé pour le compte du Journal du Dimanche. Dans un précédent sondage Elabe diffusé mercredi, quelque 56% des Français avaient émis le souhait de voir la mobilisation s'arrêter. De même, presque deux-tiers des sondés (64%) avaient considéré que les manifestations hebdomadaires «se sont éloignées des revendications initiales du mouvement», centrées notamment sur le pouvoir d'achat, la démocratie directe et les prix du carburant.