Les « Gilets jaunes », mouvement né sur les réseaux sociaux pour dénoncer la politique fiscale et sociale du gouvernement, investissent les rues de Paris et de plusieurs autres villes de France, pour le 14ème samedi consécutif, sur fond de baisse de la mobilisation et d'effritement du soutien populaire, trois mois après le début de la protestation, le 17 novembre dernier. Samedi dernier, la mobilisation avait enregistré une nouvelle baisse, seules 51.400 personnes ayant répondu à l'appel sur l'ensemble du territoire français, loin des 282.700 enregistrés durant l'acte I de la mobilisation. Cette baisse s'inscrit, du reste, dans le sillage des baisses successives déjà enregistrées : 58.600, une semaine auparavant, 69.000 lors des deux précédentes semaines et 84.000, les 19 et 12 janvier. Question soutien populaire, cette contestation inédite voit, pour la première fois, une majorité de Français (56%) souhaiter que la mobilisation s'arrête, selon un sondage Elabe diffusé mercredi. De même, presque deux-tiers des sondés (64%) pensent que les manifestations hebdomadaires « se sont éloignées des revendications initiales du mouvement », centrées notamment sur le pouvoir d'achat, la démocratie directe et les prix du carburant. Face à la poursuite de la contestation en dépit du «Grand débat national» lancé par le gouvernement pour trouver des solutions à la crise, les autorités françaises adoptent un ton empreint de plus en plus de fermeté en réaction aux heurts, dégradations et actes de violence qui émaillent parfois les manifestations. → Lire ausssi : « Gilets jaunes » : près de 1800 condamnations prononcées par la justice depuis le début du mouvement C'est le cas, la semaine dernière, du ministre de l'intérieur, Christophe Castaner, qui tout en exprimant son «indignation» et son «dégoût» face aux débordements enregistrés, notamment à Paris, a prévenu que tout sera mis en œuvre pour que les auteurs de «ces attaques intolérables» soient «appréhendés et jugés». Devant la grogne qui s'exprime chaque semaine l'exécutif français avait annoncé des mesures sociales d'un coût évalué à 10 milliards d'euros et lancé ledit Grand débat national autour des principales questions sujettes à la contestation sociale. Mais les «Gilets jaunes» ne semblent pas être enclins à arrêter leur mobilisation. « Je ne vois pas pourquoi on s'arrêterait, on ne nous écoute pas », affirme une porte-parole du mouvement à Marseille. « On débat à notre place, mais nous, depuis novembre, on sait ce qu'on veut: du concret, c'est-à-dire une hausse du pouvoir d'achat et plus de services publics », souligne-t-elle. A Paris, cette mobilisation doit même s'étaler sur l'ensemble du week-end pour marquer dimanche le troisième mois, jour pour jour, du mouvement. Des rassemblements sont également prévus samedi dans d'autres villes, notamment Marseille, Lyon, Nantes, Lille, Nice et Saint-Etienne.