Une émouvante cérémonie commémorative du 40ème jour du décès de feu Abdellatif Benmansour, qui a rendu l'âme le 6 avril dernier à Rabat, à l'âge de 84 ans, a été organisée vendredi dans la capitale spirituelle du Royaume en présence d'un grand nombre d'hommes de lettres et d'artistes et du Doyen de la Tarika Harrakia, Moulay El Ghali El Harrak. Un concert de Madih et Samae a été donné à l'issue de cette rencontre par un groupe de Mounchidine et Madihine, venus de différentes régions du pays lui témoigner leur respect et leur reconnaissance pour l'ensemble de son Âœuvre. Tous les témoignages des artistes ayant pris part à cette cérémonie ont été unanimes à souligner que le défunt était un grand maître du Samae et Madih et qu'il méritait amplement le titre de Cheikh des Madihine, Moussamiine et Mounchidine du Maroc. Pour l'artiste Abdeslam Chami, ancien membre de la Commission nationale ayant supervisé l'enregistrement de l'anthologie de la musique andalouse, le défunt avait joué un rôle capital au sein de cette commission en demandant avec insistance aux orchestres de respecter de manière rigoureuse les règles. "Vous devez avoir à l'esprit que vous représentez ici non pas telle ou telle région mais le Maroc tout entier, qui désire faire cadeau de cette Âœuvre à l'ensemble des mélomanes de ce genre de musique dans le monde", disait-il à l'adresse des orchestres. Intervenant au nom de la Zaouia Harrakia, M. Mohamed El Harrak a affirmé que Cheikh Benmansour était un grand soufi qui a consacré plus d'un demi siècle de sa vie à l'amour de Dieu et à la promotion de la musique andalouse et de l'art du Madih et Samae. Il a créé une véritable école qui force le respect de la part de tout le monde, a-t-il ajouté. L'hommage qui est aujourd'hui rendu au défunt est amplement mérité pour le soutien qu'il a toujours porté aux manifestations artistiques organisées dans la capitale spirituelle du Royaume, a affirmé de son côté M. Abdelmajid Kohen, au nom du Conseil de la Commune urbaine de la ville, organisatrice de cet événement. Né à Rabat en 1926, le défunt a eu le privilège de côtoyer dès son jeune âge une grande personnalité du soufisme en la personne de son grand-père maternel, le Cheikh et Doyen de la Tarika Harrakia Derkaouia à Rabat, Abdessalam Guedira, ainsi que de grands maîtres de la musique andalouse tels Abdallah Jirari et Cheikh Mohamed Ben Madani Hassani. Dans le cadre de ses travaux, il a édité plusieurs mouvements, dits Mizân, qui ne figuraient pas dans les onze grandes suites ou "Noubas" que comporte le répertoire de la musique andalouse, dont Ezzarrika, Enhaounad, El Hassar et Essika. Parmi ses publications phares figurent "Arra'ia Al Faridia Fi Al-amdah Ennabaouia", dite "Al Kawakib Al Youssoufia" en 1970 et "Tahdib Al Adwaq Fi Jimiate Cheikh El Harrak" en 1962 ainsi qu'une édition du célèbre traité de musique andalouse "Kounnach Al-Ha'ik", dit le Tétouan.