L'Espagne est disposée à faire bénéficier le Maroc de son expérience en matière de régionalisation pour qu'aboutisse le projet de régionalisation avancée engagé par le Royaume, a affirmé, samedi à Marrakech, le secrétaire d'Etat espagnol aux Régions, M. Gaspar Zarrias. S'exprimant lors d'une conférence sur la régionalisation, initiée conjointement par la Fondation Rhamna pour le développement durable et le Conseil régional de Marrakech-Tensift-El Haouz, M. Zarrias a salué le projet de régionalisation avancée, faisant part de la disposition du gouvernement espagnol à apporter sa contribution et à mettre à profit son expérience pour la concrétisation de ce processus. Dans son intervention pour développer l'expérience espagnole en matière de régionalisation, l'ancien vice-président de l'Andalousie a relevé d'emblée qu'aucun modèle politique d'un pays ne peut être transplanté dans un autre Etat compte tenu des conditions historiques, culturelles et socio-économiques différentes. Il a, dans ce cadre, insisté sur la nécessité de l'adoption d'approches et de modèles partant des cultures, des économies et des aspects sociaux propres à chaque pays, faisant observer que le développement du processus d'autonomie en Espagne s'est basé sur un exercice constant d'un équilibre entre l'unité et la pluralité. M. Zarrias a apporté un éclairage exhaustive sur la régionalisation en Espagne en évoquant notamment les structures politiques des communautés autonomes, dont un Parlement élu par les citoyens, le financement desdites communautés, le statut de ces territoires et leur évolution historique, le règlement de conflits entre l'Etat et les communautés ainsi que les multiples espaces de concertation dont dispose son pays. Il a, d'autre part, estimé que la réussite du processus de décentralisation passe nécessairement par l'existence de deux instruments fondamentaux que sont le consensus et la négociation. Pour sa part, M. José L. Osuna, professeur d'économie appliquée à l'Université de Séville, a fait un exposé extrêmement riche et plein d'enseignements sur "La décentralisation: de la volonté nationale à l'exigence de la globalisation" en mettant d'abord en évidence les grands changements qu'a connus le Monde. A ses yeux, ces transformations ont provoqué une réelle rupture qui s'est traduite par des changements dans les centres du savoir, de l'information et de la géopolitique de manière générale dans la mesure où aujourd'hui nous assistons à un système tripolaire. Il a également estimé que le processus de décentralisation vers le bas a été un peu précipité par des événements extérieurs, dont la formation de grands blocs (UE). M. Osuna a rappelé la mise en place de la régionalisation en Espagne et évoqué la question de la progressivité qui a marqué cette expérience, ce qui a nécessité, a-t-il dit, des outils d'accompagnement importants, notamment la Loi organique de financement des communautés autonomes. Le président du Conseil de la région Marrakech-Tensift-El Haouz, M. Hamid Narjisse, a relevé, quant à lui, que cette conférence se propose de contribuer au processus choisi par le Royaume et visant l'élaboration d'un modèle maroco-marocain de la régionalisation élargie. Le plan de régionalisation, tel que préconisé par SM le Roi Mohammed VI, permet une meilleure gouvernance locale, plus de proximité avec le citoyen et un développement socio-économique solidaire et intégré, a-t-il dit. Après avoir souligné l'importance de tirer profit des expériences des autres, il a fait remarquer que l'expérience espagnole, qui est "riche et très avancée", pourrait enrichir le processus marocain. Et de préciser qu'"il n'est pas question pour nous de transposer ce système". Cette conférence a eu lieu en présence notamment de MM. Ahmed Taoufik Hejira, ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'espace, Anis Birou, secrétaire d'Etat chargé de l'Artisanat, Mohamed Mhidia, wali de la région Marrakech-Tensift-El Haouz, de présidents de régions, d'universitaires et d'acteurs associatifs.