La justice constitutionnelle est une des assises-clés de la délibération citoyenne, interpellant sans cesse les acteurs politiques, les organisations des droits de l'Homme et toutes les militances autour des questions des droits de l'Homme, a affirmé vendredi à Rabat, l'universitaire Abdellah Saaf. Intervenant lors d'un colloque international, tenu sous le thème "La justice constitutionnelle aujourd'hui entre légitimité et effectivité", M. Saaf, président de l'Association marocaine de science politique (AMSP), a souligné que la justice constitutionnelle ne peut être que le contrôle de la constitutionnalité ayant pour objectif final l'individu, les droits fondamentaux et les processus de formation de la citoyenneté en voie d'affirmation. Même si aujourd'hui l'institution compte derrière elle des années d'existence et de pratiques, a-t-il poursuivi, la question se pose de savoir quelle est la place de cet élément obligé du projet de modernité en cours, et quel est son sens profond, dans le contexte constitutionnel, institutionnel et politique global du pays ? La question ne se pose pas seulement en termes de perceptions, mais de son insertion dans la configuration d'ensemble de l'Etat et de la société, a-t-il dit. M. Saaf a, en outre, affirmé que le fait de s'interroger sur la justice constitutionnelle dans le Maroc d'aujourd'hui, c'est aussi s'interroger sur le passage de rapports, de processus, voire de dynamiques où priment les rapports de forces politiques, les échanges de coups en rapports, processus et dynamiques basés sur le droit, l'Etat de droit, les tendances à la "juridicisation" et l'évolution vers une société contentieuse. Le colloque, organisé les 7 et 8 mai par l'AMSP et l'Ecole nationale d'administration (ENA), réunit une quinzaine de politologues et de constitutionnalistes marocains et étrangers. Cette rencontre scientifique internationale offre au large public comme aux observateurs avertis, l'opportunité de dresser un état des lieux académique de la légitimité et de l'effectivité de la justice constitutionnelle dans cinq pays méditerranéens aux systèmes juridiques voisins (Maroc, Tunisie, Algérie, France, Italie). Les travaux du colloque se déclinent autour de trois axes thématiques portant sur "la saisine du juge constitutionnel et les brèches de liberté ouvertes", "les techniques de travail du juge constitutionnel à l'oeuvre au Maroc et à l'étranger" et "le statut de la justice constitutionnelle par rapport à la consolidation démocratique".