La pauvreté et la dépendance économique sont les principales causes de la violence dont souffrent les femmes dans la région du Gharb, estime M. Nezha Alaoui, directrice du centre "Annajda d'aide aux femmes et aux enfants victimes de la violence " à Kénitra. Dans un entretien à la MAP, Mme Alaoui a indiqué que les cas les plus fréquents qui font recours au centre concernent la pension alimentaire, le divorce, la violence physique et le non enregistrement des enfants dans le livret de famille. Une étude approfondie des cas de femmes violentées qui viennent chercher de l'aide auprès de ce centre relevant de l'Union de l'Action Féminine, a montré que l'indigence, la dépendance économique et la vie dans la précarité et la marginalisation constituent les principales causes dont souffrent les femmes, a-t-elle précisé. Le centre a pu, depuis sa création en septembre 2004, développé une approche sur cette réalité des femmes dans la région du Gharb, caractérisée par sa grande ouverture sur le monde rural. Selon elle, l'accroissement du nombre de femmes qui s'adressent au centre signifie que les femmes ont pris conscience de l'existence d'institutions alternatives, en dehors de la famille et des proches, qui peuvent les écouter, les orienter, les conseiller et leur apporter réconfort et soutien psychique et juridique. Elle a indiqué que la stratégie du centre est de ne conseiller le recours à la justice que dans les cas désespérés. La lutte contre la violence nécessite un combat sur plusieurs fronts et un effort conjugué pour changer les mentalités et certaines traditions ancrées dans le legs culturel marocain, a-t-elle dit. Mme Alaoui a loué les efforts entrepris par le Maroc sur le plan institutionnel, notamment l'adoption du nouveau Code de la famille et les amendements introduits dans le Code de la nationalité, soulignant à cet égard que le Maroc est devenu un exemple en matière de promotion de la situation de la femme. Elle a expliqué que le centre, dont la fonction est l'écoute, le conseil, l'orientation et l'aide juridique, social, médicale et psychologique aux femmes victimes de la violence, travaille pour la mise en place de programmes de formation professionnelle destinés aux femmes dans plusieurs domaines. Le centre a entamé, en partenariat avec d'autres organisations, un programme de formation pour les femmes en coiffure et esthétique, cuisine et artisanat parallèlement aux cours de lutte contre l'analphabétisme, a-t-elle indiqué, ajoutant qu'après la période de formation, le centre tente de trouver des stages pour ces femmes afin de faciliter leur intégration. Mme. Alaoui, qui est également présidente de l'Union de l'Action Féminine, a estimé que pareilles initiatives pourraient leur permettre de subvenir à leurs besoins et leur assurer une indépendance économique et une vie dans la dignité et, partant, sortir de ce cycle de la violence. L'amélioration du taux de scolarisation, de l'emploi et du niveau social dans les centres urbains dans la région du Gharb, a-t-elle poursuivi, a permis aux femmes de prendre conscience de leur situation, contrairement aux femmes vivant en milieu rural qui, en l'absence de ces possibilités, font face à diverses formes de violence. Mme Alaoui a annoncé que l'Union de l'Action Féminine ambitionne d'ouvrir plusieurs centres dans la région pour se rapprocher encore davantage des femmes victimes de la violence et de leurs problèmes. Le centre, a-t-elle expliqué, procède d'abord par l'écoute de la victime, qu'il considère comme une étape essentielle pour la mettre en confiance dans la perspective de bien cerner le problème, le schématiser et voir comment en faire face. Le centre Annajda d'aide aux femmes et aux enfants victimes de la violence à Kénitra a été créé par l'Union de l'Action Féminine, dans le cadre d'un réseau composé de 12 centres repartis sur le territoire national. Ces centres accueillent les femmes, les écoutent, les orientent selon le cas et leur assurent l'accompagnement juridique et l'appui psychologique nécessaires.