La régionalisation avancée doit inclure l'ensemble des spécificités historiques, culturelles et environnementales propres à chaque région du royaume, ont souligné, samedi à Fès, les participants à une rencontre, initiée par le Parti de l'Unité et de la Démocratie (PUD). " Outre l'aspect économique, la régionalisation avancée est appelée à prendre en compte toutes les caractéristiques et spécificités historiques, culturelles et environnementale des régions et intégrer tous les points de complémentarité entre les régions, d'une part, et au sein d'une même région, d'autre part ", ont-ils dit lors de cette rencontre organisée autour du thème " régionalisation avancée et unité nationale globale ". Pour Abdellah Doueib, membre du bureau politique du PUD, " construire un système de régionalisation avancée seulement sur des critères économiques et politiques ne seraient pas judicieux, étant donné les multiples spécificités culturelles et historiques de chaque région ". Ce mode de gouvernance est aussi appelé à dépasser les dysfonctionnements dont souffre le découpage régional actuel, dont la faiblesse des attributions des conseils des régions, l'absence du souci de la cohérence culturelle et environnementale au sein de la région et l'insuffisance des programmes de développement intégré des régions, a-t-il dit. Il s'agit là, estime M. Doueib, d'un grand défi qui nécessite l'implication de l'ensemble des composantes des régions, l'amendement de certaines lois, aujourd'hui dépassées, l'adoption de nouvelles attitudes aussi bien de la part de l'administration que de la société et une réorganisation de l'espace politique. La réussite de cette entreprise requiert aussi un accompagnement constitutionnel et juridique à la mesure des enjeux de ce chantier et la mise en place de mécanisme de suivi et d'évaluation locale de son application, a-t-il ajouté. Pour sa part, Driss Toulali, lui aussi membre du bureau politique du parti, a souligné que la régionalisation avancée doit constituer " un tournant décisif dans le sens du développement et de la modernisation des structures des régions, un changement qualitatif vers le développement intégré et une traduction réelle des spécificités marocaines ". Mettant l'accent sur l'évolution des notions de régionalisation, de déconcentration et de décentralisation, M. Toulali a insisté, entre autres, sur l'élargissement des prérogatives des conseils des régions. Revenant sur des exemples d'application de la régionalisation dans des pays comme l'Allemagne, les Emirats arabes unis, l'Espagne, l'Italie ou la France, il a relevé que la " régionalisation marocaine " doit se constituer en modèle unique en son genre incluant toutes les sensibilités nationales. " La version marocaine de la régionalisation avancée ne doit pas sortir du cadre global tracé par le discours royal, qui a tracé les grandes lignes du modèle marocain en la matière ", a-t-il dit. Le professeur universitaire, M. Hammad Saber, a souligné, quant à lui, que " la régionalisation ne doit pas se baser sur l'individuel, l'ethnique, le religieux ou seulement sur l'économique ". Il s'agit, par contre, d'une ingénierie complémentaire, homogène et équilibrée, susceptible d'assurer la plus grande implication des citoyens dans la réalisation du développement et la création des richesses, a-t-il relevé. Et d'ajouter que " ce chantier est, en quelque sorte, un combat contre l'inefficacité politique et économique, nécessitant la mobilisation de ressources humaines qualifiées et armées d'une vision citoyenne, globale et prospective de l'avenir de la région ".